Mémoire de sable-couverture.inddRésumé : Le stathouder Arec est chargé par la PSI (Protection Surveillance Intervention) du bunker d’éliminer Anjelina Séléné contaminée par les «autres». Il efface comme à chaque fois, en bon professionnel, sa cible, mais l’image de cette femme hante régulièrement ses pensées. Aurait-il exceptionnellement des remords? Une fois sa mission effectuée, il réintègre le bunker, bâtiment souterrain où travaillent et sont logés les membres de la PSI. Il emprunte des chemins détournés en évitant comme à son habitude les postes de contrôle, mais cette fois-ci un fonctionnaire zélé aperçoit son manège et le dénonce. Arec est convoqué par ses supérieurs, mais l’entrevue tourne plus autour de sa dernière «cible» — l’a-t-il réellement effacée — que des entorses au règlement. Qui est réellement cette jeune femme pour que les instances dirigeantes du bunker s’y intéressent à ce point? Kô, son ami et voisin, a qui il demande régulièrement conseil pense qu’il n’y a pas besoin de lire entre les lignes pour conclure que les dirigeants du bunker veulent sa peau d’une manière ou d’une autre. Mais qui sont réellement les gouvernants du bunker et, au delà, des différentes communautés qui peuplent la surface? La Tête, alias le président, alias le condottiere, qui ne montre jamais le même visage sur l’écran des Anes, et dont personne ne connaît la véritable apparence —humain, machine, extra-terrestre? Ou bien la Girouette chargée d’énoncer lois et règlements et qui n’hésite pas à faire intervenir les jeux de hasard pour attribuer certains fonctions ou certains titres?

Edition : La Volte

 

Mon Avis : J’avoue qu’avant de me lancer dans la lecture de ce roman je ne connaissais rien des auteurs. J’ai bien un livre de Jacques Barbéri qui traine dans ma PAL depuis quelques temps, mais dont je n’ai pas encore fait la découverte. Par conséquent quand j’ai vu le résumé de ce livre sur le masse critique de Babelio j’ai décidé de me laisser tenter à la découverte et j’ai eu la chance d’être sélectionné. Je remercie dons Babelio ainsi que les éditions de La Volte pour m’avoir permis de lire ce livre. il est à noter qu’il s’agit d’un roman écrit à quatre mains, suite à la disparition d’Emmanuel Jouanne dont le manuscrit a été repris et complété par Jacques Barbéri qui a bien connu l’auteur et avait déjà collaboré avec lui.

Dès les premières pages on plonge ainsi dans le quotidien d’Arec dont la mission est d’effacer Anjelina Séléné, mission qu’il va réussir à la perfection comme il le fait toujours. Sauf que voilà, à partir de là tout va déraper et pour des raisons nébuleuses il va devoir s’échapper, traquer par son employeur. Il va ainsi se lancer dans une course-poursuite avec comme compagnon de fuite un ange, une artiste de rue et une chicherie, une chimère croisement entre une chauve-souris et un porc. Barré? oui complètement et le roman l’assume pleinement ce qui est finalement l’un de ses grands avantages. On est ainsi assez facilement happé par ce roman d’aventure et de science-fiction surréaliste qui parait partir dans tous les sens, mais qui pourtant possède un rythme qui se révèle efficace et percutant. Alors certes il faut apprécier ce genre de récit, où la réalité et la logique dépendent un peu des envies des auteurs, mais si c’est le cas alors il pourrait plaire, surtout que l’ensemble arrive clairement à obtenir une cohérence porté par des explications efficaces et qui collent parfaitement à l’univers. Les auteurs jouent ainsi assez facilement et de façon convaincante avec les rebondissements et les révélations ce qui fait qu’on tourne les pages, même si, il est vrai, l’ensemble se révèle tout de même assez linéaire dans son évolution et son avancée. Une intrigue bien amenée aussi par une ambiance assez ambigüe et nébuleuse, jouant avec l’imagination du lecteur.

L’univers futuriste présenté dans ce roman ne manque pas non plus d’attrait et se révèle lui aussi assez coloré et barré, même si, je l’avoue, il m’a paru tout de même manquer un peu d’informations, de profondeur. On y trouve ainsi une critique que je trouve assez intéressante de notre combat inutile et perdu d’avance face à la nature, d’un monde qu’on a laissé sombrer et qui d’une certaine façon se rebelle devant ce qui parait être les Autres. On note aussi un parallèle efficace entre l’organisme qui emploie Arec qui tend vers le contrôle et la surveillance absolue et la soit disant contamination des autres plus « organique » et désorganisée. Arec va ainsi, de façon certes un peu convenu et déjà-vu, démontrer qu’au fil des pages qu’il est un peu le lien entre les deux ; c’est son évolution, ses questionnements et son acceptation qui vont démontrer que la guerre n’est peut-être pas toujours la solution. Sauf que voilà j’ai tout de même trouvé que l’univers en soit, manquait de complexité, que ce soit par exemple sur les autres dont on ne sait finalement que peu de choses voir même autant le dire quasiment rien, ou encore sur la Tête dont les actes restent finalement très nébuleux et un peu caricaturaux, ce qui est légèrement frustrant car ils sont quand même les deux grands axes de ce monde. On constatera par contre une réutilisation des contes, légendes, mythologies détournés de façon assez déroutant et surprenante à travers les aventures de nos héros, qui, je trouve, apporte un certain plus à l’ensemble.

Concernant les personnages je me suis finalement laissé assez facilement porté par les aventures du héros et de ses compagnons. Alors certes cela manque un peu de profondeur pour faire qu’on s’accroche complètement à lui ou aux autres personnages, mais là n’est pas le but recherché du récit, mais plus de nous offrir des aventures délirantes qui portent le lecteur. Ils sont ainsi plus là pour faire avancer l’histoire et apporter une dose de fun, d’humour et de punch par des dialogues qui se révèlent percutants, bien portés par jeux de mots, humour et calembours efficaces. Les personnages secondaires sont dans le même état d’esprit, permettant de faire avancer l’intrigue par leurs révélations et leurs actions. Sauf que voilà, j’ai trouvé que ce manque de profondeur se révélait aussi légèrement frustrant, cela empêche le personnage principal de vraiment gagner une dimension supplémentaire et fait que certaines interactions entre les protagonistes manquent d’explications et par conséquent d’attraits, même si rien de non plus vraiment bloquant. J’émettrai aussi quelques réserves sur le changement de narration au fil des chapitres entre Arec et Kô qui paraissent parfois un peu servir de remplissage.

Au final je dirai que pour se laisser porter par ce récit il faut deux choses. Premièrement, accepter le genre d’histoire bien barré, surréaliste qui reprend des thèmes et des contes déjà connus pour nous offre une histoire sorte de Dorothy qui remonte le chemin du monde d’Alice avec ces équipiers pour découvrir la menace (je caricature bien entendu et mes références sont un peu pourries, mais c’est un peu l’impression que j’avais) le tout de façon potache et amusante. Même si bon, parfois, j’ai trouvé que certaine blagues étaient un peu lourdes. L’autre point est qu’il faut aussi accepter que ce roman n’est rien de plus qu’un divertissement, il ne cherche pas à être plus que cela et, finalement, remplit plutôt bien ce rôle. Un roman sans prise de tête, qui se lit facilement, mais qui est loin d’être non plus le plus marquant qui soit. Le fait que le roman soit écrit à quatre mains ne se ressent même pas tant l’ensemble se révèle finalement fluide. Bon il ne me reste plus qu’à découvrir la plume de Barbéri seul qui m’attend dans ma PAL et pourquoi pas un jour trouver un roman de Jouanne.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce roman qui nous propose une histoire complètement barré avec de l’aventure, des rebondissements et des surprises le tout porté par une bonne dose d’humour, de jeux de mots et de calembours, certes parfois un peu lourd. Autant le dire tout de suite ce récit ne cherche que le divertissement et il remplit plutôt bien son rôle, on tourne ainsi les pages avec un minimum de plaisir, plongeant dans un monde ambigu où l’homme continue son combat inutile et limiter perdu d’avance face à la nature et où l’on croise des personnages hauts en couleurs et qui, certes, manquent un peu de profondeur, ce qui est parfois frustrant, mais se révèle entrainant et nous plongent dans leurs aventures avec facilité. Alors après si vous cherchez plus que le simple divertissement qui fait sourire ou si vous n’aimez pas les histoire un peu barré et surréalistes passez votre chemin, sinon pourquoi pas vous laisser tenter par cette histoire qui, certes est loin d’être marquant, mais offre un moment de détente sympathique, bien porté par une plume efficace et entrainante, malgré certains passages qui m’ont paru un peu de remplissages. Je me laisserai maintenant bien tenter par le livre de Jacques Barbéri qui traine dans ma PAL.

 

Ma Note : 7/10