The Glass Town Game – Catherynne M. Valente

Résumé : Inside a small Yorkshire parsonage, Charlotte, Branwell, Emily, and Anne Brontë have invented a game called Glass Town, where their toy soldiers fight Napoleon and no one dies. This make-believe land helps the four escape from a harsh reality: Charlotte and Emily are being sent away to a dangerous boarding school, a school they might not return from. But on this Beastliest Day, the day Anne and Branwell walk their sisters to the train station, something incredible happens: the train whisks them all away to a real Glass Town, and the children trade the moors for a wonderland all their own.
This is their Glass Town, exactly like they envisioned it…almost.

Edition : Margaret K. McElderry Books

 

Mon Avis : Si vous suivez ce blog régulièrement, vous devez savoir que Catherynne M. Valente est une autrice que je suis assidument depuis que j’ai découvert son roman, Immortel, paru en France il y a quelques années. J’avoue avoir été rapidement captivé par son imagination et sa capacité à créer des univers et des mondes intéressants et fascinants à découvrir, que ce soit par exemple à travers des récits de super héros ou à travers des légendes Russes. J’essaie donc de rattraper mon retard sur les publications de l’autrice, ce qui n’est jamais facile avec une PAL grandissante et des nouveautés en pagailles. J’ai donc décidé il y a peu de sortir ce livre publié il y a presque un an qui est un roman jeunesse sur les frères et sœurs Brontë et dont le résumé me faisait très envie. Concernant la couverture, ainsi que les illustrations intérieures je les ai trouvé très sympathiques et apportant un plus au récit.

Ce récit nous plonge ainsi dans la jeunesse des frères et sœurs Brontë qui ont perdu leurs deux autres sœurs il y a peu et pour oublier s’enferment régulièrement dans un univers qu’ils ont créé. Sauf que voilà Emily et Charlotte ne peuvent rester indéfiniment à la maison, elles vont devoir retourner dans cet endroit froid et horrible qu’est leur école. Sur le chemin et arrivant en avance leur frère, Branwell, les emmène voir cette technologique fascinante qu’est le train. Sauf que celui qui arrive à quai est étrange, il n’y a qu’eux qui peuvent le voir et surtout il va à The Glass Town qui est leur monde imaginaire. Cela annonce le début d’une grande aventure pour  eux, qui va ainsi les voir évoluer, changer et faire face. Alors déjà, premier point, vous pouvez lire ce livre s’il vous intéresse, sans connaitre obligatoirement quoi que ce soit de la famille Brontë. Personnellement, même si je connais un peu leurs histoires, je n’ai jamais été un grand admirateur de leurs créations artistiques même si la Marmotte trouve que je devrais les relire, parque j’ai rien compris et qu’elle a une poêle à la main (de toute façon la Marmotte a toujours raison ^^). Oui, il va y avoir des références que l’on pourra ne voir que si on connait les Brontë (j’en ai vu certaines, j’ai dû en louper d’autres) mais qui ne dérangent en rien la lecture pour ceux qui ne les connaîtraient pas. Sachez juste que The Glass Town n’est pas une invention de Catherynne M. Valente, mais bien un monde imaginaire inventé par les frères et sœurs Brontë, devenant limite un jeu de rôle. Vous pouvez vous renseigner sur le net ou Wikipédia, vous trouverez plus facilement des informations.

The Glass Town Game est ainsi un roman jeunesse, qui n’est pas sans rappeler les romans du type Alice ou certains récits de Fantasy (ici Narnia me vient en tête rapidement), qui voit des enfants découvrir l’entrée d’un monde imaginaire, voir se plonger dans un monde imaginaire qu’ils ont créé. Ici la nuance vient peut-être que le monde imaginaire où vont se retrouver plonger ces enfants sont celui qu’ils ont construit durant leurs temps libres. On se retrouve ainsi dans une construction, on va dire, assez classique, qui voit des personnages jeunes qui vont devoir évoluer, avancer, grandir et faire face à un monde qui change, d’une certaine façon devenir adultes. Pour autant classique ne veut pas dire mauvais, et c’est loin d’être le cas ici tant je me suis retrouvé emporté par ce que proposait ici l’autrice, que ce soit dans un premier temps la richesse du monde dévoilé, mais aussi dans son intrigue solide, entraînante et bien porté par un rythme efficace et pleins de rebondissements et de surprises. Je me suis ainsi retrouve à tourner les pages facilement pour en découvrir plus sur les péripéties que vont rencontrer nos héros ainsi que leurs évolutions.

Déjà la première chose qui se dégage de ce roman c’est son univers qui s’avère d’une grande richesse, soignée, dépaysant et captivant à découvrir. L’imaginaire de Catherynne M. Valente ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais pour ma part je suis assez fasciné par sa capacité à créer des mondes à parts. Alors oui, cet univers repose d’abord sur ce qu’ont créé les frères et sœurs Brontë et pas simplement sur l’imagination de l’autrice, mais pour autant elle vient clairement y apporter sa touche de créativité, y amener une certaine cohérence, qui vient rendre ce monde vivant et donne l’impression d’avoir réellement existé. On sent qu’elle a soignée ce monde pour « ses » enfants Brontë et je me suis retrouvé assez facilement emporté à la découverte de ses contrées où chaque nouveau lieu à sa magie, sa particularité, sa beauté, mais aussi son côté plus sombre. Car oui c’est aussi un point intéressant, je trouve, de ce récit, c’est qu’il ne cherche pas à proposer un simple un monde féérique et candide, il a aussi ses aspects sombres, ses guerres ou on y retrouve des figures historiques comme Napoléon ou le duc de Wellington. Ainsi même si ce monde peut paraitre imaginaire et coloré, la mort existe, il est aussi possible de réécrire une « personne », ou par exemple nos héros vont aussi se rendre compte que les guerres ne sont pas si magnifiques et héroïques que cela et qu’il n’est pas toujours facile de savoir qui est le bon du méchant. C’est finalement cette ambiguïté, cette capacité à offrir un monde riche, merveilleux et coloré, tout en le rendant complexe et avec une touche de grave, de sombre. Au final un monde ample, foisonnant, mais maîtrisé qui donne envie d’en apprendre plus et d’une certaine façon venir s’y perdre aussi.

En ce qui concerne les personnages, là aussi l’autrice a clairement soigné chacun d’entre eux, leur offrant une caractérisation soignée et dense, tout en traçant les prémices des Brontë qu’ils sont devenus adultes. On découvre ainsi une Charlotte avec ses certitudes, une certaine dureté, mais aussi un romantisme qui cache au final ses doutes, Emily qui est finalement la plus sauvage des frères et sœurs ou bien encore, Anne la plus jeune de sœurs qui a peur d’être abandonnée, peur de devenir adulte de devoir faire face à ce monde qui le trahit régulièrement. Enfin il y a Branwell le seul garçon du groupe, qui aimerait diriger leur expédition être « l’Homme » du groupe, pas parce que cela lui fait plaisir, mais parce qu’on lui a toujours dit d’être ainsi, il doit être celui qui protège ses sœurs, parce que c’est l’ordre du monde. C’est finalement un fardeau qu’il traine et dévoile peu à peu tant il sent que ses sœurs seront toujours plus brillantes que lui et qu’il ne pourra ainsi jamais vraiment répondre aux exigences de son père. Même sans trop connaitre la famille Brontë on se rend aussi rapidement compte des différents niveaux de lecture que l’autrice s’est servie pour construire ses protagonistes, se servant de leurs histoires pour mettre dans ce récit l’amorce de ce qu’ils seront plus tard. Alors je ne vais pas trop en dire pour ne pas trop en dévoiler, mais cela se ressent principalement dans Branwell, dans finalement cette tragédie qui le tient tout du long du récit. Au final on découvre des personnages attachants, touchants, humains qui doivent faire face à des problématiques qui les dépassent, les bouleversent, qui ont finalement vu leur mère et leurs deux sœurs mourir, qui ont vu leur foyer changer, être bouleversé et qui vont devoir apprendre à faire face, à grandir. Ils nous font ainsi passer par un large panel d’émotion, allant de l’humour à la tristesse.

D’ailleurs ce récit ne manque pas non plus d’offrir de nombreuses réflexions, qu’on peut lire à différents niveaux selon l’âge du lecteur, que ce soit sur la position des hommes et des femmes dans la société, le cadre que peut imposer une société, la guerre et tout ce qu’elle peut apporter, la mort, la famille et d’autres encore. Alors après je ne vais pas non plus le nier, il s’agit d’un roman jeunesse, ce qui fait que finalement certains éléments et rebondissements de l’intrigue sont parfois résolus un peu facilement, la conclusion n’a rien de non plus vraiment surprenant et que cela dérangera peut-être certains. Pour ma part c’est parfois le cas, sauf que voilà le voyage proposé par Catherynne M. Valente ici m’a tellement dépaysé, fait voyager à travers un imaginaire flamboyant et une histoire solide que même si je m’en suis rendu compte, cet aspect ne m’a que très peu dérangé. Je regretterai aussi une ou deux longueurs ici ou là, mais franchement qui sont finalement plutôt minimes devant les qualités de ce livre. La plume de l’autrice est franchement poétique, captivante et entraînante et je me suis rapidement retrouvé emporté. Je vais continuer à découvrir ses écrits, surtout que j’en ai encore qui traînent dans ma PAL.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman de jeunesse qui nous fait plonger dans la jeunesse des frères et sœurs Brontë qui vont se retrouver plonger dans leur monde imaginait The Glass Town. Il n’est pas obligatoirement nécessaire de connaitre l’histoire des Brontë et même s’il y a des références ici ou là, ne pas les voir ne dérange en rien la lecture. Je me suis ainsi retrouvé rapidement captivé par l’univers que construit Catherynne M. Valente qui s’avère riche, soignée, fascinant et coloré, mais qui possède aussi une complexité bienvenue. En effet on ne plonge pas dans un monde au final candide, il possède aussi ses zones d’ombres et va amener les héros à devoir évoluer. Un univers ample, envoutant qui donne envie d’en apprendre plus. Le récit, même s’il repose sur une construction classique, ne manque pas d’être solide, entraînant avec son lot de révélations et de surprises qui font qu’on tourne les pages avec l’envie d’en apprendre plus. L’autre point fort vient de la caractérisation des personnages qui s’avèrent complexes, soignés, efficaces, ce qui les rend assez rapidement attachants, touchants. On découvre ainsi des protagonistes humains, mais aussi les prémices des Brontë qu’ils sont devenus une fois adulte. Ils vont ainsi au fil de leurs aventures devoir évoluer, avancer, faire face à leurs doutes, leurs blessures et d’une certaine façon grandir. Alors oui, je ne le nie pas, c’est un roman jeunesse avec parfois des résolutions un peu facile, une conclusion finalement prévisible, ce qui pourra en déranger certains, mais pour ma part j’ai été tellement emporté par ce récit et son imagination que même si j’ai contacté ces points ils m’ont finalement très peu dérangé. J’ai aussi trouvé qu’il y avait une ou deux longueurs, mais rien de bloquant. La plume de l’autrice est poétique, entraînante et efficace et je lirai sans soucis d’autres de ses écrits.

 

Ma Note : 8/10

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  1. J’avais eu un peu de mal à accrocher à Immortel mais l’intrigue de ce roman m’intéresse beaucoup, et je serai tout de même curieuse de lire une autre oeuvre de cette auteur. Je me le note dans un coin, merci 🙂

    • C’est vrai que l’imaginaire de Cathrynne M. Valente est parfois assez déjanté et barré qu’il peut bloquer. Personellement c’est ce que j’apprécie. En espérant que ta seconde tentative de découverte soit la bonne.

  2. TONDELIER

    Idem, j’adore Cathrynne M. Valente. Auteure à part.

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