The Machineries of Empire Book 2, Raven Stratagem – Yoon Ha Lee

Résumé : War. Heresy. Madness.
Shuos Jedao is unleashed. The long-dead general, preserved with exotic technologies and resurrected by the hexarchate to put down a heretical insurrection, has possessed the body of gifted young captain Kel Cheris.
Now, General Kel Khiruev’s fleet, racing to the Severed March to stop a fresh incursion by the enemy Hafn, has fallen under Jedao’s sway. Only Khiruev’s aide, Lieutenant Colonel Kel Brezan, appears able to shake off the influence of the brilliant but psychotic Jedao.
The rogue general seems intent on defending the hexarchate, but can Khiruev – or Brezan – trust him? For that matter, can they trust Kel Command, or will their own rulers wipe out the whole swarm to destroy one man?

Edition : Solaris

 

Mon Avis : Il y a quelques mois, lors de mon challenge personnel concernant les prix Hugo, j’ai découvert cette série de SF militaire qui m’avait rapidement accroché face à l’originalité de son monde et à ses personnages soignés et qui ne manquaient pas d’attraits (ma chronique ici). J’avais ainsi hâte de savoir comment l’auteur allait continuer son récit et comment il allait gérer les évolutions liées aux révélations de la fin de Ninefox Gambit et c’est donc sans surprise que je me suis rapidement laissé tenter par ce second tome. Concernant l’illustration de la couverture, je la trouve très sympathique et réussie, donnant envie de se lancer dans la lecture du roman je trouve. Par contre, il y a de forts risques de trouver des SPOILER sur la fin du premier tome dans ma chronique.

Le général Shuos Jedao, qui avait été ramené à la vie et intégré à l’esprit du capitaine Kel Cheris pour lutter contre des hérétiques, est maintenant libéré de sa « prison » et possède à nouveau un corps. Par son grade et le conditionnement des KEl il va réussir à conquérir la flotte du général Khiruev. Étonnamment il ne dirige pas son premier combat contre l’Hexarcate, mais contre les Hafn. Sauf que l’Hexarcate ne peut pas compter là-dessus et, par peur de représailles, décide de tout faire pour l’arrêter. Une fois la dernière page tournée je dois bien admettre que j’ai été à nouveau emporté par ce second tome qui, c’est vrai offre une ou deux grosses facilités, mais propose un récit toujours aussi dense et complexe à découvrir. Il faut dire que cette suite ne nous fait pas languir et nous plonge directement dans son récit. Dès le premier chapitre on sent clairement une tension s’installer et on se rend compte que le récit ne va pas manquer de rebondissements et de surprises. Je me suis ainsi retrouvé rapidement captivé, à tourner les pages pour voir ce qu’allait nous proposer l’auteur. Certes l’histoire repose sur la fuite de Jeado ce qui dans la construction s’avère classique, mais il montre, comme on s’y attendait, une complexité beaucoup plus intéressante que ce soit dans les jeux de pouvoirs et les manipulations, le tout sur plusieurs niveaux. Le récit est ainsi construit comme un puzzle, efficace et prenant, où chaque pièce va offrir plusieurs niveaux de lecture et où le lecteur va tenter d’en comprendre les tenants et les aboutissants de chacun. Quel est le plan de Jedao ? Que cherche à obtenir exactement Kel Brezan ? Quel jeu mène Shuos Mikodez ? On cherche ainsi à construire son chemin, trouver ses réponses, pour finalement être mieux surpris par les révélations de l’auteur.

L’univers était l’un des gros points forts du premier tome, dans sa construction mathématique, mais aussi sur cette notion de « foi ». En effet pour que les technologies fonctionnent dans ce monde elles doivent reposer sur un calendrier admit et assimilé par tous, car en cas d’hérésie les effets deviennent alors changeants. J’avoue que j’avais un peu peur que ce second tome, face à la perte de l’originalité due à la découverte, perde un peu de cet attrait, mais pourtant ce ne fût pas le cas. L’auteur prend ainsi du recul dans ce tome concernant son univers qui n’est plus vu simplement par le regard de Jedao et Kel Cheris, mais par l’apparition de nouveaux personnages. On découvre ainsi un aspect plus social comme par exemple la façon dont l’endoctrinement est « imposé » à la population à travers l’instinct de formation, la torture, comment des tests sont aussi menés pour déterminer la force de cette endoctrinement. On se rend aussi compte qu’il existe des personnes immunisée à cette formation, mais qu’ils sont alors rejetés. On en apprend plus aussi sur la politique et le pouvoir, la façon dont il est géré par chacun des membres de l’Hexarcate et surtout comment chacun essaie de manœuvrer la machine à son avantage. L’aspect guerre et bataille ne manque pas non plus d’attrait, offrant ainsi des passages tendus, entraînants et percutants, tout en évitant de tomber clairement dans le binaire. On est ainsi loin du méchant d’un côté et du gentil de l’autre. Chaque personnages, chaque faction possède ses motivations, mais aussi ses parts d’ombres. C’est à la fois une guerre de militaires, mais aussi une guerre plus « intime » où tous les moyens sont parfois bon pour faire tomber l’adversaire, même les plus retors, les plus sanglants et les plus horribles. Yoon Ha Lee construit un univers fascinant, dense qui me donne envie d’en apprendre plus.

Certes l’univers assez étrange avec cette imbrication de foi et de mathématiques pourra en bloquer certains, mais franchement l’auteur ne tombe jamais dans la Hard Science. Ainsi l’aspect, même s’il peut paraitre austère, est expliqué de façon simple, cohérente et offre de nombreuses possibilités. Surtout il n’est pas nécessaire de connaitre les technologies dans les moindres détails, en assimiler les base suffit. Là où Ninefox Gambit s’assumait très « matérialiste » que ce soit dans sa technologie et ses lois, Raven Stratagem, lui, ouvre des perspectives plus larges nous présentant ce qu’on peut en partie trouver derrière cela par l’endoctrinement, la torture, la notion de stabilité, de paix. Lensemble ne laisse pas indifférent et propose ainsi de nombreuses réflexions que ce soit sur la notion de choix, la notion de liberté ou encore sur ce qui rend les gens heureux. Peut-on être heureux dans un monde où on a tous la même vision « inscrite » depuis la naissance dans l’esprit ? Ou au contraire est-on plus heureux dans un univers où différents points de vues existent, s’entrechoquent et créent obligatoirement des tensions ? Le roman fait aussi écho à notre société, à notre vision de notre monde actuel que ce soit aussi bien dans son idée politique que dans son aspect social, car finalement l’univers qui nous est présenté est aussi un avenir qui par d’autres aspects a su évoluer, accepter la différence.

En ce qui concerne les personnages, j’avais un peu peur, vu qu’on ne retrouve pas le duo Shuos Jedao / Kel Cheris, qu’on soit moins fasciné par les protagonistes sans cette dualité. Alors oui, je l’admets, cette dualité perdue se ressent, mais l’auteur la compense bien avec l’apparition de nouveaux personnages qui viennent apporter leurs visions qui ne manquent pas d’attrait. Mais il le fait aussi à travers l’opposition entre Jedao et Khiruev, qui certes est moins « intimiste » et par conséquent moins profonde, mais s’avère très intéressante par de nombreux autres points. On est ainsi plus dans la construction d’un lien plus classique, avec ses incompréhensions, ses doutes et ses convictions le tout construit de façon efficace. L’auteur nous offre clairement des personnages complexes, en constante évolution en fonction de leurs rencontres, de leurs découvertes et c’est ce qui fait que je me suis laissé à nouveau porter par les protagonistes. Khiruev évite aussi de tomber dans le côté Cheris bis, ce qui m’aurait frustré, et propose une héroïne unique, à part entière et humaine. Elle est celle qui d’ailleurs va évoluer le plus, parfois peut-être un peu facilement c’est vrai, et offre énormément de réflexions et de questions. Les autres protagonistes principaux que sont Mikodez et Brezan ne sont pas non plus en reste, nous offrant une vision plus large de l’univers construit, mais aussi leurs propres vision, l’un étant au pouvoir tandis que l’autre est un crashhawk. Yoon Ha Lee propose ainsi une galerie de personnages soignée et franchement intéressante, qu’ils soient les héros comme les personnages secondaires, surtout qu’il cherche autant à mettre en avant les choix de chacun et leurs importances que leurs visions liée aux conflits et au fil rouge.

Alors après, il y a quand même quelques petits bémols concernant ce récit. L’auteur construit son récit sur un twist qui apparait vers la fin cherchant clairement à surprendre le lecteur, mais que j’avais rapidement deviné. En soit ce n’est nullement bloquant, mais l’effet de surprise n’est plus là et tombe un peu à plat. Ensuite j’ai aussi trouvé une ou deux facilités à certains moments, mais rien de trop bloquant. Enfin certains passages par moment m’ont paru un peu linéaires. Au final je dois bien admettre que, pour moi, Yoon Ha Lee propose une excellente suite qui est globalement à la hauteur du premier tome et des attentes que j’avais, le tout porté par une plume efficace, vive et entraînante. J’ai hâte de lire la suite qui parait être annoncé pour le premier semestre 2018 (rien d’officiel).

En Résumé : J’ai à nouveau passé un excellent moment de lecture avec ce second tome qui offre une intrigue qui happe dès les premières pages, offrant jeux de pouvoirs, manipulations, tension et surprises. Certes la fuite en avant de Jedao peut paraitre classique, mais c’est dans les différents niveaux de lectures et les différentes sous-intrigues que l’auteur rend l’ensemble dense et captivant. Concernant l’univers il est toujours aussi fascinant à découvrir, se posant moins sur ses lois et sa technologie et plus cette fois sur le pouvoir et l’aspect social. Il soulève ainsi de nombreuses réflexions que ce soit sur la notion de bonheur, de liberté, la notion de choix, mais aussi une réflexion sur les différences. Encore une fois, malgré c’est vrai un aspect austère d’un point de vue technologique, l’auteur ne tombe pas dans la Hard SF, offrant des explications simples et suffisantes. Concernant les personnages, j’avais un peu peur de ne pas retrouver la même alchimie que le premier tome avec Jedao et Cheris, mais l’auteur s’en sort, selon moi, très bien. Il compense par l’apparition de nouveaux personnages très intéressants à découvrir dans leurs visions de ce monde, mais aussi de la façon dont ils évoluent. La relation entre Jedao et Khiruev évite aussi clairement de répéter la relation du premier tome ce qui m’aurait frustré. Alors après je regretterai un twist vers la fin qui m’a paru facilement devinable et qui perd donc de son attrait, par moment une ou deux facilités et un ou deux passages un peu linéaires, mais franchement rien de très bloquant. La plume de l’auteur est toujours aussi entraînante, efficace et vivante et je lirai le troisième tome avec plaisir une fois qu’il sera publié.

 

Ma Note : 8/10

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  1. Comment ai-je pu la rater cette chronique!!
    J’avais beaucoup aimé le premier tome. Et je retrouve ce qui m’avait plu, et même plus. J’ai trop envie de voir comment les choses évolue pour Jedao et même Cheris.
    Bon, là j’ai envie de le lire tout de suite!!!

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