Boudicca – Jean-Laurent Del Socorro

Résumé : Angleterre, an I. Après la Gaule, l’Empire romain entend se rendre maître de l’île de Bretagne. Pourtant la révolte gronde parmi les Celtes, avec à leur tête Boudicca, la chef du clan icène. Qui est cette reine qui va raser Londres et faire trembler l’empire des aigles jusqu’à Rome ?
À la fois amante, mère et guerrière mais avant tout femme libre au destin tragique, Boudicca est la biographie historique et onirique de celle qui incarne aujourd’hui encore la révolte.

Edition : ActuSF (Bad Wolf)

 

Mon Avis : Jean-Laurent Del Socorro avait réussi à me captiver avec son premier roman, Royaume de Vents et de Colères, qui offrait un récit de Fantasy Historique prenant et entraînant, bien porté par des personnages forts (ma chronique ici). Par conséquent quand j’ai vu que l’auteur publiait un nouveau livre, j’avoue avoir rapidement été tenté. L’auteur continue ici à nous offrir une Fantasy Historique, puisque cette fois c’est l’histoire de Boudicca qui nous est contée, ou plutôt romancée par l’auteur vu qu’on connait finalement peu de choses sur sa vie. Concernant la couverture, illustrée par Yana Moskalu, je la trouve très réussie et accrocheuse.

Ce roman va ainsi nous faire découvrir Boudicca, de sa naissance à sa fin, à travers différents épisodes importants de sa vie qui vont faire d’elle ce personnage marquant que l’on suit. Car oui, une fois la dernière page tournée, je dois bien avouer ce qui m’a le plus captivé dans ce récit c’est bien cette héroïne à la fois fascinante et complexe. C’est un peu la grande force du roman la façon dont l’auteur construit Boudicca, jeune fille fière, têtue et hautaine, rejetée par son père car sa naissance a amenée la mort de sa femme, qui va peu à peu en grandissant apprendre la magie des mots et découvrir que le monde n’est pas aussi simple qu’elle le croit. Elle va devoir s’initier rapidement, dans un monde où la moindre erreur peut avoir des graves conséquences. Elle va aussi devoir évoluer, gérer de nombreux fronts et endosser de nombreux rôles. C’est finalement la densité de ce personnage, sa force, ses envies, ses faiblesses, ses erreurs qui font qu’on est rapidement captivé par sa vie, sa progression, les choix qu’elle doit faire et ce qui va l’amener à les prendre.

D’ailleurs si vous vous lancez dans Boudicca dans l’espoir de trouver un récit guerrier, alors il vaut mieux passer votre chemin on est plus dans un récit qui cherche à mettre l’humain en avant par rapport à l’épique et l’action. Cela ne veut pas dire qu’il ne propose pas des scènes de batailles et de guerres, juste qu’elle passe un peu au second plan devant la façon dont l’héroïne elle-même grandit, change et va devoir faire face aux nombreuses péripéties et questions qui se dessinent devant elle. A la fois femme, guerrière, reine et mère elle va devoir faire des choix pas toujours facile, des choix humains qui ont toujours des conséquences et dont elle va toujours devoir faire face. C’est un peu d’ailleurs ce qui fait qu’on s’attache à elle, ces multiples facettes qui font d’elle finalement une personne à part entière, franche qui se bat pour ces convictions et ce qu’elle croit juste, malgré ses doutes. Une complexité qui finalement la rend proche de nous et nous questionne.

Il faut dire aussi qu’elle est plutôt bien entourée, que ce soit entre le druide Prydain, la guerrière et garde du corps Ysbal, son père Antedios, son futur prétendant Pratsutagos, son Brater Caratacos, son amante ou encore ses filles chacun d’entre eux va apporter sa pierre à la personnalité qu’est Boudicca. C’est d’ailleurs un des gros points forts selon moi de l’auteur, arriver à brosser des personnages franchement charismatiques, qui en quelques lignes arrive à ne pas laisser indifférent le lecteur, à lui donner envie d’en apprendre plus sur eux, à les découvrir. Alors c’est parfois légèrement frustrant dans ce roman, car ils ne sont finalement là que pour faire évoluer Boudicca alors que parfois on aurait aimé en apprendre plus sur eux, mais ce n’est en rien un reproche tant ils arrivent finalement à nous marquer et à nous faire d’une certaine façon réfléchir que ce soit par les mots comme aussi énormément par les non-dits qui transparaissent. La narration à la première personne joue aussi beaucoup sur le fait qu’on se laisse rapidement happé par la vie de cette héroïne exceptionnelle, donnant presque cette impression au lecteur d’être présent. On ressent ainsi pleinement les émotions de l’héroïne.

L’univers s’avère par contre assez classique, surtout si comme moi vous connaissiez un peu l’histoire de cette reine. On est ainsi plongé au milieu du peuple Icène, l’une des tribus qui compose l’île de Bretagne. Les Romains commercent déjà avec l’île et ont apporter des nouvelles technologies et de nombreux changements, mais malgré cela l’Empereur rêve de conquête et d’agrandir son territoire. L’auteur vient aussi le rehausser d’une petite dose de fantastique, que ce soit dans la mythologie d’époque, les druides ou bien encore les rêves. C’est léger, mais apporte je trouve un vrai plus au récit. L’aspect politique ainsi que les coutumes viennent aussi densifier de façon efficace et cohérente l’ensemble ce qui donne clairement envie d’en apprendre plus et on se retrouve à tourner facilement les pages. Alors certes il s’avère assez classique présenté comme cela, mais cela ne l’empêche pas de s’avérer solide, efficace, prenant et profond, ce qui fait qu’on se laisse assez facilement emporter dans ce passé envoutant et intrigant. Il s’agit aussi d’un roman qui nous offre de quelques réflexions passionnantes, qui nous rappelle que parfois pour faire avancer les choses il faut savoir se battre pour ses conviction. C’est un roman qui nous fait obligatoirement réfléchir sur le notre société, les Celtes montrant ainsi une certaine égalité entre les hommes et les femmes, car c’est bien Boudicca qui va mener la guerre, c’est elle qui va être reconnue comme Reine par l’ensemble de son peuple qui la juge finalement sur ses actes. Il nous montre aussi le choc des cultures, l’assimilation d’un peuple par un autre déguisé sous le terme évolution, commerce et paix. Des réflexions qui ne laissent pas le lecteur indifférent je trouve.

Alors après le roman s’avère assez court (environ 250 pages), allant directement à l’essentiel, ce qui est parfois légèrement dommage, car j’aurais apprécié en savoir un peu plus que ce soit d’un point de vue historique comme sur certains personnages, mais aussi que Boudicca soit encore un peu plus développée. Il ne s’agit que d’un souhait personnel, qui ne gâche en rien la lecture du roman tant il s’avère prenant. Par contre, je regretterai peut-être une impression de linéarité qui se dégage au fil des pages. Alors après vous allez me dire que l’Histoire est déjà écrite, certes, mais cela n’empêche pas de pouvoir développer quelques surprises, ce qui n’est jamais franchement le cas ici. Attention cela n’enlève en rien aux qualités de ce roman, bien porté par une plume simple, concise, efficace et qui garde que l’essentielle pour nous offrir un récit tendu du début à la fin. Boudicca m’a ainsi offert un très bon moment de lecture et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur. Je reviens vite fait sur la nouvelle qui clôture ce roman, D’ailleurs et d’Ici, qui nous plonge dans la révolte la Boston Tea Party, que j’ai trouvé sympathique, mais loin d’être très marquante.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous propose de découvrir la vie romancée de Boudicca. Ce qui marque dans ce roman c’est finalement le portrait que nous brosse l’auteur concernant cette héroïne. On découvre ainsi une personne complexe, à la fois princesse, reine, mère, amante, guerrière, guide, qui va devoir faire face à de nombreux choix, de nombreuses décisions, sans jamais se perdre elle-même. Au final une héroïne forte, entraînante, attachante et émouvante qui ne laisse pas indifférent le lecteur. Alors si vous cherchez plus le côté épique vous risquez d’être déçu , car même si ce récit propose tout de même son lot de batailles et de guerres elles passent un peu au second plan devant l’évolution de l’héroïne et les réflexions qu’elle soulève. Il faut dire qu’elle est aussi parfaitement entouré par des personnages charismatiques, fascinants dont on aurait d’ailleurs aimé en apprendre plus sur certains. L’univers, sans se révéler révolutionnaire, est solide, efficace, dans lequel vient s’ajouter une légère touche de mysticisme et de magie qui ne manque pas d’apporter un plus à l’ensemble. Le récit offre aussi de nombreuses réflexions que ce soit sur les choix que l’on fait, la notion de conviction et ce qu’on est prêt à faire pour elle ou bien encore sur la notion d’égalité. Alors après le roman est plutôt court (moins de 250 pages),ce qui est un peu frustrants car sur certains points j’en attendais plus, mais rien de non plus trop dérangeant. Par contre, j’ai ressenti une certaine linéarité dans l’intrigue, ce qui est légèrement dommage, même si cela ne m’a pas empêché de passer un très bon moment de lecture, bien porté par une plume simple, concise et entraînante.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : l’Ours Inculte, Le Comptoir de l’Écureuil, Samuel ZittermanAmarüel, Au Pays des Caves Trolls, Boudicca (Bibliocosme),  …

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  1. Je suis accro à cette couverture, ce qui ne m’arrive presque jamais. Merci pour ce retour, l’aspect de focalisation sur une héroïne humaine et battante est tentant, par contre je be connais rien aux celtes et j’ai trouvé la quatrième de couverture vraiment arride pour entrer dans l’univers. Dans le coup c’est ce qui me freine.

    • Je ne pnse pas qu’avoir de grandes connaissances sur la culture Celtes soient nécessaires pour se lancer dans cette lecture. Le quatrième de couverture fait la part belle au côté Historique c’est vrai, mais comme je l’ai dit c’est loin d’être le cas dans le récit.

  2. Sur ma PAL, j’ai hâte de m’y mettre !

  3. Comme Lorhkan, hâte de le découvrir (d’ailleurs je vais essayer de le commencer ce week-end)

  4. Je note, il faudrait que je tente 🙂

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