Dragon – Thomas Day

dragonRésumé : Bangkok. Demain.
Le régime politique vient de changer.
Le dérèglement climatique global a enfanté une mousson qui n’en finit plus.
Dans la mégapole thaïlandaise pour partie inondée, un assassin implacable s’attaque à la facette la plus sordide du tourisme sexuel. Pour le lieutenant Tannhäuser Ruedpokanon, chargé de mettre fin aux agissements de ce qui semble bien être un tueur en série, la chasse à l’homme peut commencer. Mais celui que la presse appelle Dragon, en référence à la carte de visite qu’il laisse sur chacune de ses victimes, est-il seulement un homme ?

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : Les éditions du Bélial’ ont décidé, en ce début d’année 2016, de mettre en avant le récit court à travers une nouvelle collection : Une Heure-Lumière. Ce format faisant partie des lectures que j’affectionne, comme vous vous en doutez si vous suivez ce blog, j’avoue avoir été rapidement intrigué par les premiers textes qui ont été annoncés par la maison d’édition. Ajouter à cela un aspect maquette et graphisme que je trouve franchement superbe, et un résumé accrocheur, il n’a donc pas fallu longtemps pour que ce petit livre termine sa course dans ma PAL.

On plonge ainsi avec ce court récit dans la ville de Bangkok, où un tueur en série c’est lancé dans l’élimination du tourisme sexuel sur enfant. Pour éviter une mauvaise publicité de son pays, le Général Wongkrachang décider de mettre le lieutenant Tann Ruedpokanon sur la traque de cet assassin qui fait un peu trop parler de lui. L’intrigue parait aux premiers abords  classique, ce que je ne nie pas, mais il ne faut pas s’arrêter au résumé, car là n’est pas le point central du récit, même si l’aspect polar noir se suffit à lui-même pour offrir un récit tendu et efficace. Dragon est un texte qui a surtout pour but de prendre aux tripes, de réveiller le lecteur à grands coup, lui ouvrir les yeux sur un problème : la prostitution enfantine. L’auteur nous offre ainsi ici un texte qui se révèle percutant que ce soit, comme je l’ai dit, sur le fond, mais aussi dans la forme que ce soit dans la construction du récit monté dans le désordre, ce qui permet ainsi d’offrir un rythme accrocheur et une narration énergique, mais aussi dans l’utilisation de la violence, d’une certaine brutalité, qui lui évite de tomber dans une certaine consensualité et bien mettre le lecteur devant la réalité des faits. Surtout que l’auteur cherche nullement la violence gratuite, il ne veut pas choquer ou vouloir plonger son récit dans l’extrême, car même si l’ensemble pourra se révéler dur pour certains lecteurs, il a son utilité dans la fureur qui est dévoilée et montrée. La traque en elle-même se révèle aussi intéressante, bien menée, offrant de nombreux rebondissements et de nombreuses surprises, porté par un duel qui ne manque pas d’intérêt et de charisme.

Le format court apporte aussi un véritable plus au récit, en effet je pense que dans un format plus long le récit aurai clairement perdu en intensité et dans son côté incisif et marquant. Ce Bangkok futuriste que nous dévoile l’auteur en image de fond ne manque pas non plus d’attrait, offrant ainsi une ville poisseuse, humide, clivée, où tout est fait pour contenter le touriste, oubliant un peu les autres au point de limite noyer une partie de la ville. Une ville mélange d’ombre et de lumière. C’est aussi un endroit où l’ont peut tout trouver dès qu’on cherche un peu, sans aucune limite. Entre corruption, jeux de pouvoir, trahisons et mensonge cette cité offre ainsi une ambiance sombre, déroutante, limite sauvage dès qu’on sort des sentiers battus, qui colle dès les premières pages au lecteur, bien porta par un travail de description visuel terriblement efficace. L’autre aspect intéressant vient de la légère notion de fantastique qui commence à se développer au fil des pages et dont je ne dirai rien, de peur de trop en dévoiler, mais qui ajoute une dose de mystère intéressante à l’ensemble du récit. Une touche de fantastique qui, selon moi, colle d’ailleurs parfaitement bien à ce pays et à l’intrigue.

Comme je l’ai dit le duel entre Tann et le Dragon se révèle prenant, il faut bien l’admettre, principalement grâce à des personnages qui ne manquent pas de se révéler captivants. Je ne dirai pas que je me suis obligatoirement attaché à eux, mais cela ne les a pas empêché d’être passionnants à découvrir dans leurs complexités, leurs humanités et leurs besoins. Ils ne sont pas là que pour faire avancer l’intrigue, ils possèdent ainsi une voix propre, principalement l’inspecteur Trann qui vient nous faire réfléchir sur la notion de genre, lui qui est attiré par les « Ladyboys » à la recherche de l’amour parfait, mais aussi dans sa quête d’une place dans ce mode, de liberté. Il offre ainsi un protagoniste proche de chacun, avec ses doutes, ses soucis, qui a du mal à reconnaitre le monde qui l’entoure, à s’y imposer tel qu’il est vraiment, mais qui va trouver finalement sa voix dans cette quête. Dragon n’est pas en reste non plus, offrant un tueur, certes classique, mais qui soulève une question de moralité concernant sa quête : Faut-il arrêter un assassin de monstres? Chacun y fera son propre avis. Les personnages secondaires se révèlent efficaces, même si le format court, forcément, empêche de les développer complètement, offrant rebondissements et surprises.

Alors après on pourrait regretter une certaine linéarité dans l’ensemble qui fait que la fin devient finalement prévisible, mais franchement ce n’est qu’un détail tant l’ensemble réussi son coup de nous secouer et de nous faire poser de nombreuses questions, pas toujours aisées. La plume de l’auteur se révèle ainsi vive, entrainante, incisive et nous happe dès le début du texte pour ne plus nous lâcher avant la fin, laissant le lecteur en parti lessivé, chamboulé. Une très bonne nouvelle pour ouvrir une collection qui me tente énormément.

En Résumé : Dragon est au final un court récit qui ne m’a pas laissé indifférent. Au-delà de son intrigue qui peut paraitre classique, il offre un récit percutant, tentant de secouer le lecteur sur un sujet bien particulier qu’est la prostitution d’enfants. L’auteur nous offre un récit tendu, entrainant ou la violence sourde sans no plus chercher à trop en faire ou à tomber dans l’extrême. Chaque scène, chaque passage se révèle ainsi avoir son importance dans le message qui est mis en avant. Cette  ville de Bangkok futuriste se révèle ainsi un décor parfait, se révélant ambigu, entre ombre et lumière, offrant ainsi une ambiance sombre et poisseuse. Les personnages sont captivants à découvrir, principalement dans le duel qui oppose l’inspecteur Tann, héros ambigu, et le Dragon où chacun va se révéler. Alors après on pourrait regretter une certaine linéarité dans le récit, ce qui rend la fin prévisible, mais rien de très marquant ou dérangeant tant l’ensemble a réussi à me captiver et à me lessiver, porté par une plume vive, entrainante et incisive.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : L’ours inculte, Cornwall, Efelle, Boudicca, Just A World, …

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  1. Une de mes prochaines lectures je pense. Ça va être dur, sûrement, mais ça va être bon, certainement. 😉

  2. Oh c’est sympa comme format, condensé en récit court ça doit être chouette pour ne pas s’ennuyer !

  3. La collection heure lumière semble prometteuse, j’ai fini ce matin le choix de MacKauley et ca m’a beaucouop plu, le roman traite de multiples sujets qui amènent à réfléchir ! Le dragon va bientot passer sur ma liseuse !

  4. J’ai adoré cette lecture, je trouve que le nouveau format que propose Belial’ correspond particulièrement bien au texte !
    Ca me donne encore plus envie de lire les autres ouvrages de la collection 😀

    • Je ne peux que te souhaiter une bonne lecture alors. 🙂
      C’est vrai que le format mis en place par Le Belial’ pour cette collection est vraiment superbe.

  5. Plus long, je crois que j’aurai vraiment eu du mal.
    Point de fioriture ici pour parler de pédophilie et ouch, ça fait mal au cœur.

    Je trouve que le découpage du texte colle bien à l’histoire de dragon.

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