Drift – Thierry Di Rollo

driftRésumé : Le Drift est un titan. Un monument sans pareil, le condensé d’un million de volontés tendues vers un but non négociable : quitter une Terre à bout de souffle. Le Drift est une cathédrale, le temple des vanités humaines, l’iniquité usinée en matériaux composites. Le Drift est la porte ouverte aux étoiles, mais une porte que bien peu prendront. Car pour gigantesque que soit le Drift, les places à son bord sont limitées. Aux seuls Justes, aux puissants, aux privilégiés des cités-dômes. Le Drift est le dernier espoir pour l’humanité. Mais une humanité qui n’est plus celle de tout le monde, une humanité aux franges de l’immortalité, orientée, assistée, nano-contrôlée, au-delà de sa propre condition, résolue à abandonner son berceau sans retour possible, déterminée à embrasser l’espace…

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : Thierry Di Rollo fait partie de ces auteurs dont j’entends énormément parler et souvent de façon plus que positive. Pour le moment je n’ai lu de lui que quelques nouvelles que j’ai toujours apprécié et qui m’ont clairement données envie de faire entrer certains de ses romans dans ma bibliothèque. J’ai d’ailleurs Bankgreen qui m’attend dans ma PAL.  Mais voilà pour une première lecture j’ai finalement décidé de commencer par Drift, déjà car il s’agit d’un one-shot, ensuite parce qu’il s’agit d’un Space-Opera et que dernièrement j’en lis facilement, mais aussi, il faut bien l’avouer, pour la magnifique couverture illustrée par Manchu qui donne très envie de le lire et de le découvrir.

Et finalement une fois la dernière page tournée il est quand même un peu trop simple de définir ce roman comme un simple Space-Opera, il se révèle bien plus que cela. C’est déjà un mélange des genres réussi entre SF, Space-Op’, Planet-Op’, Cyberpunk, western et autres courants qui nous offre ainsi, au final, une histoire qui se révèle clairement rythmé, entrainante et haletante avec son lot de rebondissements et de retournements de situations. On se retrouve ainsi à suivre Darker lors d’une mission pour un Juste (membre de la haute société) qui va finalement l’emmener beaucoup plus loin que ce qu’il pouvait imaginer, jusqu’au Drift et au-delà. Mais voilà l’auteur ne fait pas que nous construire un récit sombre, violent et terriblement efficace, non, il nous offre aussi une histoire intelligente qui cherche à nous faire réfléchir sur notre avenir, sur la condition humaine, nos envies et notre vision du monde.

Le récit peut ainsi être séparé en deux, voir en trois parties, la première se situe sur notre planète bleue où l’auteur nous présente une Terre a bout de souffle, complètement vidée, sucée par les humains de sa substance, qui survit comme elle peut et où les nouvelles technologies ont permis un clivage encore plus important de la population. Il y a donc les Justes, quasi-immortels grâce au traitement de jeunesse, qui vivent dans des villes-dômes et il y a les habitants des villes poubelles qui servent finalement de terrain de chasses la journée, limitant ainsi une population sur le bord d’exploser. Comment ne pas se sentir marqué à travers ce paysage finalement sombre, déprimant et pourtant tellement réaliste et humain d’un avenir possible où l’Homme ne se révèle n’être qu’égoïste, consumériste et qui se détruit à petit feu. La lutte des classes est ainsi devenue une chasse sanglante et les pauvres survivent comme ils peuvent, maintenus par les riches dans une dépendance liée à la drogue qu’ils fournissent en sous-main. La faune et la flore a été détruite pour ainsi être mieux remodélisé et correspondre parfaitement au plaisir des hommes. Au final une terre fascinante par son aspect sombre et destructeur, que l’on ne voudrait pas connaitre, mais qui est plus que plausible. Une première partie qui se révèle rythmé, pleine d’action et d’aventures et le tout rempli de technologies passionnantes à découvrir.

La seconde partie plonge elle dans le style Space-Opera, c’est la partie de l’espoir, certes monstrueux, mais de l’espoir d’une survie à travers le Drift, ce vaisseau qui propose d’emmener une partie seulement de l’humanité, bien entendu les Justes, vers une nouvelle planète, un nouvel horizon. On se retrouve alors embarqué dans une partie de changement qui se révèle peut-être plus émotive, introspective où chaque personne va tenter de changer de vie, où l’on découvre alors la peur des uns et des autres vis-à-vis du passé ou encore de l’avenir, des changements qui arrivent ou bien encore concernant la technologie à la fois parfaite et avec ses erreurs, ses approximations. Mais cet espoir se révèle vite teinté, les castes se révèlent toujours présentes, les clivages continuent à régenter l’ensemble. On dévoile ainsi des Justes indolents pour les basses besognes et remplis de préjugés. Mais le roman trouve son apothéose dans la troisième partie, plus Planet-Opera, que je vous laisse découvrir, mais qui nous rappelle de façon marquante que, finalement, l’humanité est, et restera, toujours fidèle à elle-même et qu’il va falloir énormément de temps avant qu’elle puisse évoluer.

Une des grandes réussites de ce roman vient aussi justement du fait qu’on change de monde, d’univers, de lieu, au fil des différentes parties du texte, cela permet à l’auteur ainsi de varier les cadres et les descriptions allant du très sombre, mais aussi le plus poétique et magnifique avec cette nouvelle planète à la fois sauvage et lumineuse. L’aspect technologique se révèle aussi soigné, extrêmement riche et envoutant, que ce soit dans les nanotechnologies, la possibilité de voyager dans l’espace, les modifications génétiques. Rien n’est jamais vraiment laissé au hasard par l’auteur, mais surtout l’ensemble se révèle finalement plausible et cohérent. Rien ne parait improbable, la preuve en est l’auteur ayant pris le postulat d’un vaisseau qui navigue à une vitesse lente au vu de l’univers, préférant prendre le postulat d’une jeunesse qui peut tendre vers le mutli-centenaire ce qui parait plus probable que de dépasser les lois de la physique et la vitesse de la lumière.

Le personnage de Darker joue aussi énormément dans le fait que je me suis retrouvé à tourner les pages. Il porte d’ailleurs bien son nom, se révélant être un héros sombre, sauvage, limite nihiliste, qui fait tout pour survivre et qui pourtant n’espère plus rien de la vie, encore plus depuis qu’il a perdu l’amour de sa vie. Un personnage que j’ai trouvé, malgré sa vision sombre et cynique de l’humanité, attachant à travers ses forces et ses failles, qui va évoluer de façon franchement intéressante et palpitante au fil des pages, cherchant à se construire une nouvelle vie, à se reconstruire au point d’en tomber dans la crédulité. Un personnage qui se révèle finalement humain avec ses périodes de doutes, ses réflexions et ses sentiments contradictoires. Le personnage se retrouve aussi clairement sublimé par sa quête pour ne plus être seul, une quêté d’un amour qu’il pensait avoir trouvé avec Kenny, qui lui a été enlevé et l’a rendu encore plus renfermé. C’est cette relation disparue, dévoilée par flashback qui fait qu’il nous touche encore plus, mais qui montre aussi a quel point on idéalise certaines choses, qu’on épure de ce qu’on ne veut pas se souvenir ce qui nous bloque dans les relations futures. La preuve en est ses différentes relations ensuite, entre le fait qu’il soit hanté par son ancienne compagne qu’il considère comme parfaite et aussi l’évolution de l’humanité sur le vieillissement, fait que rien n’est simple. Les autres personnages se révèlent eux aussi très attryants avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs envies et leurs peurs et qui offre un panel large d’un point de vue psychologique.

La conclusion se révèle marquante et pourtant tellement logique nous proposant un message à la fois sombre, mais terriblement réaliste et qui ne peut que nous faire réfléchir et nous frapper. Le tout est porté par la plume de l’auteur qui se révèle sobre et terriblement efficace, sachant happer le lecteur dès les premières pages. Mon seul petit regret vient de la sous-intrigue concernant le vol d’ADN qui parait pourtant intéressante au début, mais qui finalement s’étiole au fil des pages, reposant je trouve sur une légère facilitée et qui se termine de façon trop convenue pour finalement me captiver. Mais franchement ce n’est que broutille tant ce roman a réussi à me marquer que ce soit par son message, ses aventures parfaitement rythmés, son aspect SF fascinant ou encore ses personnages touchants. Un excellent moment de lecture à découvrir selon moi. Je n’ai plus qu’à me pencher sur les autres livres de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui, au final, propose bien plus qu’un simple Space-Opera. En effet l’histoire nous offre un mélange des genres fascinant qui nous plonge dans un avenir ou l’humanité touche à sa fin et va se retrouver à fuir à travers l’espace. L’histoire se révèle bien rythmé et les aventures du héros sont très entrainantes, maniant parfaitement les rebondissements et les retournements de situations. Mais ce roman en plus de nous happer et de nous faire voyager, propose aussi plusieurs réflexions passionnantes et posées de façon intelligente sur l’Homme, notre vie, notre avenir. L’univers construit est dense, foisonnant de lieu et de technologie qui donnent envie d’en apprendre plus. Concernant les personnages ils se révèlent soignés et riches, tous en quête de quelque-chose, avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs envies et leurs peurs. Darker, le héros principal, se révèle clairement attachant et on suit son parcours avec grand plaisir. La plume de l’auteur est sobre et efficace. Je regrette peut-être juste une des petite sous-intrigue concernant le vol d’ADN qui démarrait bien mais c’est trop dilué au fil des pages pour complètement m’accrocher. Mais franchement rien de bien grave tant ce livre m’a offert une excellente lecture à la fois pleine d’aventures, marquante, réfléchie et poignante. Je lirai d’autres récits de l’auteur sans soucis.

 

Ma Note : 9/10

 

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  1. Ben voilà qui est convaincant. J’vais encore réfléchir un peu mais c’est tentant ^^

  2. Ha ben moi c’est tout réfléchi, dès que je peux c’est acheté c’est sûr et certain.

  3. Pour moi ça a été un vrai coup de cœur, je te rejoins sur tous les points.

  4. On est synchro dis donc ! Un réel coup de cœur pour moi, sombre mais poétique. Je rajoute ton lien à ma critique 😉

  5. Décidément, toutes ces critiques unanimes !… 🙂

  6. C’est marrant, pareil pour moi pour le vol d’ADN, je trouve que ça n’apporte rien au récit.
    Par contre j’ai moins ressenti ce côté sombre, je dois être un peu trop cynique.

    • Attention je suis quand même très cynique aussi, par conséquent je n’ai pas non plus été dérangé. Juste je soulignais que, quand même, l’espoir on repassera 🙂

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