Le Songe d’une Nuit d’Octobre – Roger Zelazny

Résumé : Octobre. Dans 31 jours, le portail s’ouvrira et les Grands Anciens déferleront sur le monde.
Dracula, Sherlock Holmes, Raspoutine, le docteur Frankenstein… Ils seront tous là. Mais feront-ils partie des ouvreurs avides de pouvoir, ou seront-ils des fermeurs qui s’opposeront aux horreurs indicibles ?
Les familiers de ces personnages seront eux aussi impliqués dans cette murder party ésotérique riche en rebondissements. Tout particulièrement Snuff, un chien dont le maître, Jack, aime se promener la nuit dans Londres avec son grand couteau…
Le Jeu va commencer.
Quel sera votre camp ?

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : Ce roman n’a pas fini entre dans ma bibliothèque par hasard. Je veux dire par là qu’un roman qui propose Steampunk, Cthulhu et le tout écrit par Roger Zelazny, je ne pouvais qu’être franchement tenté. Puis depuis quelques semaines, je ne sais pas pourquoi, je lis pas mal de romans en lien avec l’univers de Lovecraft. Alors, quand on m’a proposé de découvrir ce roman, je n’ai pas mis longtemps a me laisser tenter et accepter. J’avais hâte de découvrir comment l’auteur allait traiter le sujet. Concernant la couverture je la trouve vraiment superbe et collant parfaitement à l’ambiance de ce récit d’Halloween. Je trouve par contre un peu dommage que les illustrations qui composent le récit en version original (une par chapitre) n’aient pas pu être reproduites.

Ce roman nous fait ainsi suivre Snuff, le chien de Jack, qui participe avec son maître au Jeu. En effet dans un mois, le 31 octobre pour être exact et au moment de la pleine lune, une grande bataille aura lieu entre les Ouvreurs et les Fermeurs. Si jamais les Ouvreurs gagnent, les Dieux Anciens envahiront notre réalité, si ce sont les Fermeurs qui l’emportent, le monde aura gagné quelques décennies de répit. Que le Jeu commence. Une fois la dernière page tournée, je dois bien admettre que j’ai passé un très agréable moment de lecture avec ce roman, mais qu’il m’a paru lui manquer un petit truc pour s’avérer encore plus marquant. Je qualifierai ainsi ce roman de lecture fun et délirante, sans prise de tête , comme un bonbon qu’on savoure rapidement, mais à qui il manque ce petit goût de reviens-y qui fait qu’on se retrouve complètement captiver par ce qu’on lit et qui donne envie d’y revenir. Peut-être que j’attendais quelque-chose de plus frappant d’un auteur comme Roger Zelazny aussi, c’est possible surtout après ma lecture de 24 vues du Mont Fuji par Hokusai. Oh attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ce n’est en rien un mauvais livre, il est entraînant, léger et efficace et m’a quand même diverti ce qui est déjà pas mal. Pour commencer je souhaite faire une petite clarification, malgré ce qui est annoncé ce livre n’est pas, pour moi, Steampunk. Ce n’est pas parce que le récit se place possiblement à la période Victorienne que le récit en devient obligatoirement Steampunk.

L’intrigue qui nous est proposé ne manque ainsi pas de se révéler entraînante. Comme annoncé il s’agit d’un jeu, où chacun essaie de trouver des réponses, que ce soit aussi bien sur les autres participants, que sur des indices essentiels à l’ouverture de ce fameux portail. On se retrouve ainsi pris en plein milieu d’un jeu du chat et de la souris dont les règles se dévoilent, lentement, par à coup, pour mieux immerger le lecteur et le questionner sur les différents mystères qui se présentent. Entre manipulations, mensonges, trahisons et surprises le récit ne manque clairement pas de rythme et fait qu’on a envie d’en apprendre plus et de savoir à minima qui appartient à quel camp et comment ils vont s’en sortir. Une légèreté se dégage clairement de ce récit par son énergie et sa touche d’humour, ce qui rend, selon moi, la lecture encore plus fluide et plaisante. L’auteur va directement à l’essentiel et ne cherche pas obligatoirement à s’embarrasser de fioritures ou à trop vouloir alourdir son récit ce qui est une bonne chose. Maintenant le fait d’être trop direct a aussi la problématique de rendre le récit, à mon goût du moins, un peu trop linéaire dans sa construction, un peu comme si l’ensemble des grandes lignes étaient déjà écrites et devinables. Ensuite, j’ai trouvé que ce récit manquait tout de même un peu du côté angoissant qu’on attend de ce genre de livres. On nous présente un jeu mortel, et oui il y a énormément de risques, pourtant je n’ai jamais été vraiment touché ni même un tant soit peu stressé par ce facteur risque.

Le récit nous plonge, selon moi, à l’époque Victorienne qui se reconnait principalement à travers les différents personnages que l’on croise. La toile de fond qui nous est construite et présenté s’avère un peu comme l’intrigue, elle va à l’essentielle ce qui permet certes une lecture rapidement et avec un minimum d’intensité, mais d’une certaine façon frustre aussi un peu si on aime les univers avec un peu de profondeur. Attention ce que construit Roger Zelazny n’est en rien mauvais, il s’avère solide et efficace et offre même des scènes très intéressantes et captivantes, comme cette visite qu’ont deux de nos héros dans le monde du rêve, mais voilà il y a quand même, pour moi, un léger manque de richesse et on tourne souvent autour des même lieux. Là où par contre le récit gagne en intérêt, c’est dans ses nombreuses références que ce soit à Lovecraft, Shakespeare, Poe et autres et dont je pense même en avoir loupé certaines. C’est bien simple chaque personnage vient d’un univers différent. On sent, je trouve, que l’auteur a voulu, d’une certaine façon leurs rendre hommage et aussi de récupérer des « mythes » qui collent parfaitement à l’aspect gothique et halloweenien du roman. Je vous laisse bien entendu deviner qui est qui pour éviter de trop spoiler. L’aspect Lovecraftien  présent dans ce jeu m’a paru intéressant et bien maîtrisé, proposant différents clins d’oeil ici ou là avant d’offrir une conclusion explosive et apportant un plus à l’intrigue.

Concernant les personnages l’auteur décide de prendre à contre-pied le lecteur en proposant comme narrateur un familier : le chien Snuff (ce qu’il avait déjà fait dans un autre roman). J’ai trouvé que cela permettait d’offrir une narration différente à travers non pas la quête des humains, qui n’est présente qu’au second plan, mais celle des animaux, mettant ainsi en avant des petites mains dont on ne se rend pas toujours compte de l’importance. Puis cela offre aussi, je trouve, un côté un peu décalé au récit, proposant ainsi une narration et un point de vue complètement différent tout en évitant de trop donner voix aux personnages connus que « réutilise » Roger Zelazny. On découvre ainsi un panel d’animaux intéressants, avec leurs propres personnalités, leurs envies, leurs jeux de manipulations, mais aussi leurs doutes leurs peurs. Des personnages qui deviennent finalement assez attachants et dont on suit les aventures et les rencontres avec un minimum de plaisir et d’envie. Maintenant cela a aussi pour effet de créer une distance avec les « maîtres » de ces familiers, qui sont aussi finalement des héros du roman, et qui a fait que par conséquent, même si j’ai aimé l’idée des personnages connus rencontrés, je suis resté un peu indifférent à ce qui pouvait leur arriver.

Je regretterai aussi une certaine simplicité par moment dans la façon dont les révélations arrivent, un peu comme si l’auteur voulant proposer un récit plutôt court va donc au plus rapide. J’ai aussi trouvé un ou deux Deus Ex Machina un peu faciles, qui permettent clairement au récit de s’en sortir par moment facilement comme par exemple la scène de la capture de Snuff. La plume de l’auteur s’avère par contre, simple, concise et efficace offrant par conséquent un minimum de rythme au récit je trouve. Au final malgré ses défauts soulevés, j’ai quand même apprécié ma lecture, mais contrairement à ce que je pouvais attendre, j’ai plus trouvé avec ce roman un livre fun, léger, et un minimum efficace et entraînant qui se laisse lire avec un minimum de plaisir entre deux lectures plus denses, mais à qui il manquait un petit truc pour vraiment m’offrir une lecture plus marquante.

En Résumé : J’avoue, j’ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman qui, même s’il n’a pas complètement répondu à mes attentes, ne manque pas de se révéler léger, entraînant et efficace. L’intrigue est ainsi porté par un rythme soutenu offrant un jeu du chat et de la souris ainsi que de nombreux mystères, mais aussi rebondissements et surprises. L’univers, même s’il m’a paru un peu léger à mon goût restant par moment trop en surface, ne manque pas pour autant de s’avérer assez solide et d’offrir une toile de fond intéressante au récit. L’intérêt vient aussi des nombreuses références et clins d’oeil que propose l’auteur et que je voulais retrouver. Le fait de proposer des animaux en tant que narrateur prend un peu le lecteur à contre-pied et apporte par conséquent une vision différente des évènements. On découvre ainsi des animaux avec leurs personnalités propres, qui en manquent pas un minimum de toucher le lecteur, même si cela fait, je trouve, qu’on s’accroche moins à leurs maitres. Après je regretterai quelques simplicités, un ou deux Deus Ex Machina faciles ici ou là, mais aussi une envie de vouloir trop aller à l’essentiel ce qui, je trouve, rend l’ensemble par moment linéaire et devinable. Rien de non plus complètement bloquant, l’ensemble restant tout de même divertissant, porté par une plume simple, efficace et incisive, mais voilà j’attendais peut-être plus de ce roman.

 

Ma Note : 6,5/10

 

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  1. Oui c’est un très agréable moment de lecture, léger et qui détend. Moi c’est ce que je demande souvent à un roman et en ceci , celui-ci a répondu à mes attentes.

    • Moi ça va dépendre en fait de beaucoup de paramètres. Oui j’attends qu’un roman soit à minima divertissant, mais voilà même dans ce cas là j’avoue que le côté linéaire de ce livre et certaines simplicités ont aussi joué sur mon ressenti.

  2. Je trouve aussi la couverture particulièrement réussie. Je n’ai vu qu’il existait des illustrations dans la VO seulement après lecture. Je partage ton avis, je ne le classerai pas en steampunk, d’ailleurs je n’en ai absolument pas parlé dans ma chronique. Tu fais bien de relever le facteur « risque mortel » car en lisant ta chronique je me rends compte aussi qu’il n’a aucunement joué sur ma lecture. Dans l’ensemble, j’ai trouvé les péripéties divertissantes.

    • Oui voilà, c’est divertissant, mais pour ma part je ne sais pas, au vu du résumé et de l’auteur j’attendais peut-être plus.

  3. La couverture est superbe, c’est dommage que le contenu ne soit pas à la hauteur de tes attentes.
    Je me le suis noté dans les peut-être et si je tombe sur une occaz, je franchirai le cap, autrement, ce ne sera pas visiblement un loupé à combler immédiatement.
    Merci

    • Disons que pour nuancer ma chronique, de Zelazny j’ai lu tellement de bonnes choses dont sa dernière novella au Bélial’, que je pense j’attendais quelque-chose de plus marquant.

  4. Je suis en plein dedans justement, ça se lit vite et bien. 🙂

    • Je suis d’accord, ça se lit vite, avec un minimum de plaisir et ça passe le temps. Mais voilà il me manque clairement ce petit truc qui, en fermant le roman, me fait dire que j’ai envie d’y retourner. Je ne sais pas si je m’exprime bien.

  5. Je viens de lire Route 666 de lui, et j’ai l’impression de pouvoir finir sur le même genre de conclusion que toi : c’était sympa, mais un peu trop linéaire (même si je suppose que c’est le type d’intrigue qui voulait ça), et j’attendais un peu plus.

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