Résumé : L’une vit sur Terre dans un monde qui change tandis que l’humanité explore de nouveaux modes d’existence.
L’autre est partie dans l’espace lointain enquêter sur l’ultime périple d’Eunice Akinya et sa découverte d’une science physique révolutionnaire. La troisième voyage à bord d’un vaisseau générationnel à des années-lumière de la Terre, vers une planète abritant un fascinant labyrinthe extraterrestre. Toutes trois sont une seule personne : Chiku Akinya, et revêtent une importance capitale pour notre avenir dans l’espace. Et toutes trois sont en grave danger…

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : Il y a deux ans maintenant, je me suis lancé dans le premier tome de ce cycle. Je replongeais aussi, par la même occasion, à la découverte d’un auteur que je n’avais pas lu depuis quelques années. Malgré un démarrage un peu lent, ce premier tome, une fois lancé, m’avait offert un bon moment de lecture que ce soit avec son univers et son aspect scientifique, ses personnages, mais aussi un sentiment d’évasion, malgré, c’est vrai, quelques points qui m’avaient tout de même légèrement dérangés (ma chronique ici). J’ai mis du temps pour me lancer dans la lecture de ce second tome, le premier tome pouvant globalement se suffire à lui-même, mais il y a peu j’ai enfin décidé de le faire sortir de ma PAL. Concernant la couverture, on reste dans le thème du premier tome, mais qui, je trouve, colle cette fois un peu moins au récit.

Ce récit nous plonge bien des années après la conclusion du tome précédent. Geoffroy, le passionné d’éléphant ayant refusé les traitements de prolongement de vie s’est éteint, tandis que sa soeur Sunday a peu à peu plongé dans un coma artificiel pour « travailler » sur la physique post-Chibesa. On suit ici Chiku, la fille de Sunday, qui a décidé de se cloner et ainsi mener différentes missions. La première doit retrouver et étudier le vaisseau d’Eunice Akinya, la seconde a quitté la terre pour un long voyage vers une planète potentiellement habitable et la troisième est restée sur terre en sécurité. L’intérêt est qu’elles peuvent s’envoyer des informations et des souvenirs et ainsi espérer en tirer profit. Au moment où débute le récit on se rend compte que la Chiku restée sur terre a perdu tout contact, que ce soit par choix ou pas obligation, avec ses deux autres « elle ». Mais voilà, ses clones vont se rappeler à elle et elles vont devoir enquêter sur une vérité qui pourrait changer énormément de choses, mais aussi les mettre en danger.

Je dois bien admettre, une fois la dernière page tournée, que j’ai trouvé ce tome un peu plus maîtrisé que le premier, mais pour autant j’ai un peu moins accroché. Dans l’ensemble j’ai trouvé l’ensemble plutôt sympathique, mais quelques points ont fait que je n’ai pas non plus été fasciné par cette suite. J’en espérais peut-être de trop, je ne sais pas. Déjà, ce second tome évite le défaut principal du premier tome ce démarrage très lent, parfois poussif, en effet on plonge assez rapidement dans l’intrigue et une tension se met en place à travers l’enquête de ces clones et les révélations soulevées. Attention, le récit est toujours construit sur un rythme posé tant l’auteur offre un récit dense, avec de nombreuses idées, et un travail descriptif riche, mais voilà il n’y a plus cette impression que j’avais eu avec le tome précédent de stagner dans le premier quart. Maintenant j’ai eu un soucis avec le début de ce second tome c’est que, franchement, la construction ressemblait en partie au tome 1, mais en accélérée. Je prends pour exemple l’héroïne qui va sur vénus retrouver un personnage déjà croisée dans La Terre Bleue de nos Souvenirs, avec globalement une répétition des péripéties et c’est dommage je trouve. Heureusement cette « répétition » disparition après un gros premier tiers, ce qui fait que le défaut s’efface alors. Je me suis alors retrouvé plus accroché par l’intrigue, les questions et les mystères qu’elle propose, surtout qu’elle m’a alors paru plus intéressante que celle du premier. Par contre certains points sont trop prévisibles, ce qui est parfois frustrant.

Le gros point fort de ce cycle, pour le moment, vient de l’univers qui est mis en place par Alastair Reynolds, à travers principalement cette science-fiction soignée, aux nombreuses idées foisonnantes et riches. On quitte d’ailleurs doucement cet aspect du premier tome de SF utopique et globalement positive, à travers des évènements, dont je ne dirai rien pour ne pas spoiler, qui vont doucement remettre en cause certains aspects de cette société et aussi nous questionner. Je ne vais pas dire que l’auteur révolutionne le genre, que ce soit dans la conquête spatiale, dans cette notion de mécanisme qui amène la paix sur terre, les technologies, ou bien encore dans cette idée des aquatiques, c’est du déjà-vu, mais la façon dont il le développe, son imagination et le travail soigné et dense qu’il propose rendent l’ensemble captivant et passionnant à découvrir. Cette vision , que ce soit aussi bien sur terre, que dans le voyage spatial, possède ce côté grandiose, émerveillement réussi et qui offre une dimension supplémentaire au récit. On a franchement envie d’en apprendre plus. L’aspect social est aussi très intéressant à découvrir, que ce soit aussi bien dans la vie sur Terre avec l’évolution des technologies, mais aussi concernant la vie dans les vaisseaux à la conquête de l’espace et les réflexions que cela soulève. Car oui, le récit en plus de nous offrir une vision du futur logique, cohérente et intéressante, soulève aussi des réflexions efficaces finalement sur notre capacité à s’en sortir, à évoluer, à avancer, mais aussi sur la notion d’humain, de machine, ou encore notre capacité à se renfermer. Seul point légèrement dérangeant, une ou deux incohérences, qui reposent peut-être plus sur un manque d’explications, mais qui m’ont laissé un peu perplexe.

Concernant les personnages, j’avoue, sans dire qu’ils sont mauvais loin de là, j’ai eu du mal à vraiment me sentir concerné par eux. J’ai finalement le même ressenti avec ces nouveaux protagonistes que ceux du premier tome. Dans l’ensemble c’est vrai, concernant les personnages principaux, l’auteur les construit, leur offre une histoire, certes un peu sommaire mais présente, ainsi qu’un minimum de densité, mais voilà ils leur manquent ce petit truc qui aurait fait que je me serai attaché à eux et un peu plus intéressé à leurs aventures. Oh attention, ils arrivent à faire vivre l’intrigue, on se laisse un minimum porter par ce qui leurs arrive, les rebondissements qu’ils apportent, mais plus pour voir finalement le monde autour d’eux évoluer. Cela se ressent aussi, je trouve, dans tout l’aspect émotionnel et sentimental qui m’a paru trop plat, trop distant. Que ce soit face à la mort, à la souffrance, aux péripéties les mots sont bien là, mais ils paraissent ne pas sonner juste, ne pas résonner je trouve. Je ne sais pas si je m’explique bien, mais en gros, oui, Alastair Reynolds propose des personnages un minimum travaillé, pour autant il n’a pas réussi à me les rendre attachants, complètement humains. Franchement j’ai plus accroché à un personnage dont je ne dévoilerai rien, présent dans le premier tome et qui se retrouve aussi ici et gagne encore plus en importance. Par contre je trouve dommage que Travertine, qui est un personnage important du récit, manque cruellement d’un peu plus de profondeur, non pas dans son caractère, mais dans son histoire, pour mieux la comprendre.

D’autres points m’ont aussi dérangé dans ce récit, le premier vient que je l’ai trouvé quand même long. Franchement je pense que le récit aurait pu gagner encore plus en intérêt et en intensité avec facilement une centaine de pages en moins. Cela se ressent ainsi principalement, je trouve, avec le principe des clones qui permet, certes, à l’auteur de développer plusieurs lieux et points de vues en même temps, mais parfois je me suis demandé si c’était vraiment nécessaire. Surtout que, d’un autre côté, j’ai trouvé, une ou deux fois, qu’il s’offrait des ellipses frustrantes tant j’aurai aimé que certains points soient traités plus en profondeur qu’avec quelques lignes. Ensuite, vu que c’est un second tome et même si l’auteur offre des idées différentes, il n’y a plus cet aspect nouveauté et découverte du premier, ce qui se ressent je trouve. Enfin j’ai aussi trouvé que ce roman n’avait pas ce petit côté qui fait qu’on a envie de replonger dedans. Certes, durant la lecture on se laisse porter par les nombreuses idées intéressantes et la façon dont l’auteur les traites, mais, le livre une fois posé, je n’ai jamais ressenti cette envie de me jeter à nouveau dans ma lecture. La plume de l’auteur est simple, efficace,  construisant un monde qui donne envie, mais voilà même si j’ai trouvé ce second tome globalement sympathique, je ne sais pas encore si je lirai la suite. Il me manque ce petit truc qui me pousserait à me lancer dans le troisième tome, malgré la fin percutante de ce second tome. A voir.

En Résumé : Concernant ce second tome de ce cycle, une fois la dernière page tournée, même si je l’ai trouvé un peu plus maîtrisé que le précédent dans son rythme, il m’a tout de même un peu moins accroché. Ce livre reste une lecture plutôt sympathique et agréable, mais, je ne sais pas, j’en attendais peut-être trop. Le gros point fort vient de l’univers qui nous est présenté qui offre toujours de nombreuses idées intéressantes et riches, traités de façon efficaces et captivantes. Il y a un côté d’ampleur, de grandeur qui se dégage de ce futur qui nous est présenté, même si, c’est vrai, l’aspect nouveauté et découverte a un peu disparu. Que ce soit d’un point de vue social, technologique et autre, l’univers donne envie d’en apprendre plus et surtout nous fait réfléchir sur de nombreuses questions. Concernant les personnages je suis un peu mitigé, ils sont intéressants dans les bouleversements qu’ils apportent et la façon dont le monde autour évolue, mais pourtant ils n’ont jamais réussi à me captiver, à me toucher. L’intrigue, malgré une légère impression de répétition avec le premier tome, s’avère intéressante, le tout porté par un rythme posé et une tension qui monte lentement au fil des pages.  Sauf que voilà, j’ai aussi regretté quelques longueurs, le récit aurait peu, je pense, être raccourci d’une centaine de pages, enfin j’ai trouvé que, même si plongé dedans je me laissais porter, une fois le livre posé je n’avais pas cette envie de replonger rapidement dedans. La plume de l’auteur est simple et intéressante dans la façon dont elle construit ce monde, mais, même si j’ai trouvé ce second tome sympathique et divertissant, je ne sais pas encore si je lirai la suite.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Autres avis : Apophis, Lune, Lorhkan, Herbefol, Cédric Jeanneret, Ksidraconis, …