L’Ours et Le Rossignol – Katherine Arden

Résumé : Au plus froid de l’hiver, Vassia adore par-dessus tout écouter, avec ses frères et sa sœur, les contes de Dounia, la vieille servante. Et plus particulièrement celui de Gel, ou Morozko, le démon aux yeux bleus, le roi de l’hiver. Mais, pour Vassia, ces histoires sont bien plus que cela. En effet, elle est la seule de la fratrie à voir les esprits protecteurs de la maison, à entendre l’appel insistant des sombres forces nichées au plus profond de la forêt. Ce qui n’est pas du goût de la nouvelle femme de son père, dévote acharnée, bien décidée à éradiquer de son foyer les superstitions ancestrales.

Edition : Denoël Lunes d’Encre

 

Mon Avis : Ce roman j’en ai entendu parler la première fois quand il a commencé à faire le buzz dans les pays anglo-saxons avec de nombreux retours et avis qui s’avéraient plus que positifs. La preuve sur Goodreads puisque le roman se retrouve avec une note supérieur à 4 avec près de 70000 lecteurs, ce qui est rare, même si cela reste bien entendu un indicateur versatile. J’avoue, pendant un temps j’ai même été tenté de le faire entrer dans ma PAL en VO, mais quand j’ai entendu qu’il allait être traduit et publié chez Denoël en VF, j’ai préféré attendre un peu. Il faut dire aussi que le résumé avait de quoi me convaincre, moi qui aime les contes j’avais de quoi être tenté par ce qui est présenté comme une réécriture des contes et folklore Russe. Concernant la couverture, illustrée par Aurélien Police, je la trouve tout simplement superbe.

Ce roman nous fait ainsi découvrir Vassia, une jeune fille qui a perdu sa mère, juste après sa naissance. Elle vit sa vie avec ses frères et soeur, son père qui est le châtelain de la région et sa nourrice. Sauf que Vassia n’est pas une fille comme les autres, elle a les capacités de sa grand-mère, ce qui lui permet de voir les esprits. Un jour, pourtant, son père décide d’aller à Moscou pour y trouver une femme pour l’aider à élever sa petite dernière, sauf qu’il va se retrouver avec une nouvelle épouse, considéré par beaucoup comme folle, un peu contre son gré. La vie de Vassia va alors en être bouleverser. Franchement, ce roman je me demande si je n’en attendais pas peut-être un peu trop. Attention, je ne l’ai pas trouvé mauvais, loin de là, se révélant même très sympathique avec un final qui m’a captivé, mais voilà j’avoue que j’attendais peut-être quand même quelque-chose de plus marquant, tout du moins au niveau du démarrage, mais j’y reviendrai.

Pourtant, j’ai vraiment apprécié l’univers que construit l’autrice ainsi que l’ambiance qu’elle met en avant dans ce roman. Cette revisite des contes, cette influence de la Russie avec son propre folklore, sa propre mythologie, mais aussi ses paysages à la fois immenses, glaciales et pourtant si dépaysant et magnifique font qu’on se laisse facilement porter par les aventures des différents personnages du livre. Le récit vient ainsi mélanger Histoire et féérie et le fait plutôt bien. L’imagination débordante du récit s’avère aussi terriblement accrocheuse, tout en construisant de façon simple et réussie une toile de fond vivante, cohérente et magique qui fascine. On a clairement l’impression que cette Russie pleine de fantastique a existé tant elle accroche. Ainsi entre esprits protecteurs anciens, chevaux qui parlent et autres éléments féériques, il se dégage quelque-chose de cette histoire qui s’avère efficace et captivant. Le récit oscille ainsi habilement entre magie et réalité, venant d’une certaine façon l’ancrer. L’atmosphère ne manque pas non plus de s’avérer envoûtante, poétique et terriblement efficace. On y retrouve aussi cette dualité présente entre l’ancien et le nouveau, les anciens cultes qui sont remisés face à la nouvelle religion. Au final, c’est avec grand plaisir que j’ai plongé dans cet univers riche, éclatant, à la fois sombre, violent, mais qui sait aussi dévoiler de grande beautés et accrocher. Une toile de fond qui donne en tout cas envie d’en apprendre plus.

Concernant les personnages, celle qui se dégage le plus est bien entendu Vassia, cette jeune fille différente, qui voit des choses que ne voient pas les autres, ce qui va faire qu’elle va se trouver de plus en plus considéré comme bizarre, de plus en plus mise de côté et « rejeté ». Sauf que voilà, au lieu de s’enfermer sur elle-même ce qui aurait pu être logique, elle va continuer à voir la vie comme quelque-chose de magique, à tenter de sauver le monde, même si parfois il ne le mériterait pas franchement. D’une certaine façon elle offre ainsi une leçon de courage et de volonté. Elle possède un charisme, une vraie énergie qu’elle transmet au lecteur et la rend rapidement attachante, touchante. Autour d’elle gravite de nombreux personnages qui  ne manquent pas d’attrait, même si parfois ils restent un peu trop en surface je trouve. Se dégage ainsi son père, qui offre sa vision bien ancrée du monde de l’époque avec ses traditions et ses visions « archaïques » et la nourrice Dounia qui amène  un peu le folklore du récit. Il y a aussi la belle-mère ainsi que le prêtre qui se dégage, mais ils restent quand même trop classiques ; la méchante belle-mèree étant une éternelle redite des contes et le prêtre qui confond vanité et religion au point de créer de nombreux problèmes a déjà été vu et revu, ce qui pour autant ne les empêche pas pour autant de s’avérer plutôt solide dans leurs constructions.

Il y a aussi un vrai travail de réflexion efficace et intelligent avec ce roman, qui ne cherche jamais à trop en faire, sachant trouver le ton juste, concernant la position de la femme dans la société. Ainsi, on ressent clairement dans cette Russie, cette séparation qui veut que les femmes soient régulièrement à l’intérieur, s’occupent de la maison, de la couture, ne sont pas des personnes « d’extérieurs », ne doivent pas monter à cheval, là où les hommes sont ceux qui sortent, vont à la chasse, ramène à manger, profite des plaisirs extérieurs. Ainsi le seul intérêt principal des femmes dans cet univers est un peu sa capacité à donner des héritiers, ce qui lui offre la chance d’avoir un beau mariage. Dans sa sobriété, son efficacité et la façon dont il est traité j’ai trouvé que le message fonctionnait parfaitement bien.

Alors après tout ce que je viens de dire, pourquoi finalement je n’ai trouvé ce livre que simplement sympathique ? Tout simplement parce que j’ai mis un peu plus du quart du livre avant de pouvoir entrer franchement dans le récit. Bon sang, ce que j’ai trouvé ce début tellement classique, tellement déjà-vu dans son histoire et sa construction et qui n’avait vraiment rien de novateur. Peut-être que je n’étais pas dans le bon état d’esprit pour directement entrer dans le roman, peut-être aussi que j’attendais plus d’originalité dans le démarrage de ce conte, mais voilà le démarrage fût quand même un peu laborieux. Attention, après, une fois enfin entré dans le récit, j’ai bien apprécié ma lecture que j’ai trouvée prenante et intéressante, certes elle reste assez linéaire et prévisible, mais elle ne manque pas de s’avérer efficace. Ajoutez à cela une plume que j’ai trouvée simple, poétique et efficace et, même si tout n’était pas parfait, je lirai la suite de ce cycle pour voir ce que l’autrice va proposer vu que ce premier tome parait avoir une conclusion qui se suffit à elle même, même si certains aspects restent ouverts.

En Résumé : J’ai passé un très sympathique moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans un mélange de conte et de folklore Russe. Le gros point fort de ce récit vient de son univers qui ne manque pas de se révéler d’une grande richesse par son mélange de féérie et d’Histoire et que j’ai trouvé accrocheur. L’autrice nous offre ainsi une imagination qui ne manque pas d’attrait et colle parfaitement au livre. L’atmosphère à la fois envoûtant et poétique fonctionne aussi plutôt bien. Concernant les personnages Vassia se dégage clairement de l’histoire, offrant une héroïne charismatique, qui d’une certaine façon, offre une leçon de vie, ne se laissant jamais abattre et trouvant toujours de la magie dans ce monde. Les personnages qui gravitent autour d’elle oscillent entre ceux qui sont intéressants, mais auraient mérité peut-être d’être plus développés, et ceux qui sont très classiques et prévisibles, mais restent quand même solide. Le récit offre aussi une réflexion bien menée, simple et efficace sur la position de la femme de la société qui ne manque pas de faire réfléchir. Au final mon principal soucis avec ce roman fût le démarrage que j’ai trouvé laborieux, j’ai bien mis un quart du roman avant de franchement entrer dans le récit. Je trouvais tout cela trop classique, déjà-vu et qui n’avait rien de novateur. Après certes le récit d’une certaine façon m’a happé et j’ai eu du mal à quitté, mais ce fût un peu long. La plume de l’auteur est simple, poétique et entraînante et même si tout ne fût pas parfait je lirai la suite avec plaisir.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Just a Word, Lutin82, Celindanaé, Uranie, MahaultMot, …

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  1. Bizarrement je ne suis pas trop attirée par ce titre alors que normalement j’aime bien les histoires de conte.

    • Après si tu es intéressée par le folklore Russe, ça peut être un argument. Maintenant je comprends parfaitement qu’on puisse ne pas être attiré, surtout qu’il y a énormément à lire.

  2. L'ours inculte

    C’est dans ma PAL, y’avait un ours dans le titre

  3. Dans ma wish list, ma Pàl est tellement remplie que j’aurais pas la place pour ranger un rossignol dedans alors ne parlons pas de l’ours 😀

    • J’ai arrêté de me battre avec ma PAL ^^
      Il faut que je commence à faire en tri dans cette dernière, a voir si après cela je peux caser un ours ou un rossignol 🙂

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