Moi, Peter Pan – Michael Roch

Résumé : « – Tu pleures ?
Les montagnes sont bleues derrière ses yeux. Une couleur de pluie passée qui regarde, une fois au sol, le souvenir amer de son nuage.
– Peter, répète-t-elle, tu pleures ? »
Offrant une nouvelle vision du personnage, complémentaire et à la fois détachée de celle imaginée par James M. Barrie, Michael Roch revisite le mythe du garçon qui ne veut pas grandir.

Edition : Le Peuple de Mü

 

Mon Avis : Lors des dernières Imaginales, j’ai été rapidement attiré par ce livre à la couverture étrange, superbe et attirante, illustrée par Naïky, et au quatrième de couverture plus qu’intrigant proposant une nouvelle vision du personnage de Peter Pan. J’avoue, pour autant, je ne savais pas trop ce qu’allait proposer exactement ce livre, mais une discussion avec l’auteur m’a finalement convaincu de repartir avec, dédicace en prime. Il est à noter que Michael Roch est un youtubeur, créateur de la chaine La Brigade du Livre, dont j’ai vu quelques épisodes (mais je dois admettre que les vidéos YT ce n’est pas pour moi, je me déconcentre très vite, mais là on change de sujet).

Alors déjà, sachez-le, si vous vous attendez à une réécriture de Peter Pan, voir à lire une histoire sur le héros, il vaut peut-être mieux passer votre chemin. On n’est clairement pas dans ce genre de récit, mais plus dans quelque-chose qui se veut philosophique, métaphysique, troublant et onirique. Oui, on y retrouve les personnages du roman de James Barrie ainsi que son univers, dont l’auteur se sert de façon intéressante et efficace pour nous questionner, nous faire réfléchir et tenter de nous toucher. Par conséquent si vous vous attendez à un récit linéaire avec une introduction, des péripéties et une conclusion, vous risquez sûrement d’être déçu. Ici chaque chapitre permet, à travers Peter Pan, ses amis, ses ennemis, sens enfants perdus et les rencontres qu’il fait, de traiter d’une réflexion, d’une question, d’un changement, d’une émotion, qui doit ainsi nous amener à nous interroger. Chaque passage nous propose ainsi de découvrir un aspect bien particulier du héros. Peter Pan reste l’enfant qui ne veut pas grandir, sauf qu’ici il est d’une certaine façon un peu le petit enfant de chaque lecteur. Dans toute son insouciance il vient, d’une certaine façon, nous parler, non pas pour obligatoirement se rappeler à nous, mais plus d’une certaine façon nous questionner sur nous-même, notre passé et notre vision de l’avenir. Nous, qui avons grandi, ne devrions nous pas retrouver un peu l’insouciance de notre enfance, éviter de s’enfermer dans quelque-chose de figer et de pré-défini qui finalement pourrait nous miner.

C’est d’ailleurs ce qui rend ma chronique ardu à écrire, car ce roman n’en ait finalement pas totalement un. Comme je l’ai dit on est plus dans l’aspect philosophique du récit, voir parfois dans comme un essai vis-à-vis de la vision que Michael Roch cherche à soulever de notre monde ainsi que de la vision qu’on peut en avoir. Par conséquent la lecture devient encore un peu plus personnel et je pense que chaque lecteur, une fois ce court livre terminé, n’aura pas la même vision ni la même impression ou le même ressenti. J’ai ainsi passé de mon côté un très bon moment de lecture avec ce livre, mais je me doute bien qu’il ne plaira pas pour autant à tout le monde de la même façon. Dans tous les cas, je pense que ce roman ne laissera pas indifférent à travers le récit initiatique de ce Peter Pan qui va devoir combattre ses doutes, ses peurs, ses amis et ennemis, ou bien encore ses pensées pour mieux renaitre, revenir, réapparaitre. Concernant la narration elle s’avère clairement fluide et entraînante, n’oubliant pas d’offrir rebondissements et surprises. La narration par chapitre, qu’on peut considérer comme indépendant les uns des autres, permet aussi d’offrir une variété de lieux visités, de personnages rencontrés et d’aventures. Les personnages aussi ont leur importance, que ce soit dans leurs présences comme dans leurs absences, même s’il est parfois frustrant de ne pas les découvrir encore plus. On retrouve ainsi le Peter Pan ambigu que l’on connait, qui cache ses peurs, ses doutes et ses souffrances, s’illusionnant dans son monde féérique, cherchant à oublier ses zones d’ombres tout en voulant s’en rappeler.

Concernant les réflexions, comme je l’ai dit, c’est le point le plus intéressant du roman. Elles oscillent entre images, métaphores et allégories, sans jamais tomber dans la lourdeur, l’insensibilité ou les longueurs, tout en restant efficace. Le récit joue aussi sur plusieurs niveaux de lectures, je trouve, comme par exemple sur tout ce qui tourne autour du départ de Wendy. Autres aspect intéressant de ce roman, la plume de l’auteur qui joue énormément dans la qualité du livre tant elle se révèle vivante, poétique, magnifique et captivante. Michael Roch sait se servir des mots et cela se sent, créant ainsi une ambiance onirique, magique, rêveuse et envoutante qui offre un vrai plus au récit. Le principal défaut de ce roman vient ainsi pour moi du fait qu’il est très court. Je ne parle pas d’une envie de lecteur de rallonger ma plongée dans cet univers et ce récit, même si elle existe, mais plutôt parfois d’un manque de profondeur et de densité dans les idées. Le livre offre 15 chapitres, donc on va dire 15 « réflexions » traitées en moins de 120 pages, ce qui fait que parfois certaines sont traitées peut-être un peu trop superficiellement. De plus, certes c’est plutôt léger, mais l’auteur en fait parfois un peu trop, mais bon là rien de gênant. Attention cela n’enlève en rien la beauté du récit, sa justesse, ni ses qualités entraînantes, envoutantes et de se révéler intelligent, mais par moment il y a un goût de trop peu. Cela ne m’empêche pas non plus, si mon avis vous a interpellé, à vous conseiller de découvrir ce livre et vous faire votre avis, moi en tout cas il m’a offert un très bon moment de lecture touchant.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce court livre qui, certes, je pense, ne plaira pas à tout le monde. L’auteur propose ainsi de plonger dans un récit philosophique, métaphysique et envoutant ou chaque chapitre est là pour traiter d’un pan de la personnalité de Peter. On est donc loin du récit classique et linéaire dans sa construction, ce qui pourra en déranger certains, mais qui pour m’a part m’a offert un très bon moment. Ainsi ce Peter Pan nous rappelle un peu la part d’enfant qui est en nous et qui cherche à nous questionner sur nous-mêmes, notre passé et notre vision de l’avenir. Il nous fait aussi réfléchir sur notre monde, notre société le tout avec insouciance et un peu de folie. On découvre aussi un Peter ambigu dans ses envies et ses attentes et les personnages qui gravitent autour de lui ne manquent pas d’attrait, même si obligatoirement ils manquent parfois de profondeur. Le principal soucis de ce récit vient que traiter quinze aspects de Peter, sur quinze chapitres, en moins de 120, fait que certains passages m’ont paru être traités trop en surface, même si rien de non plus bloquant. L’autre point fort de ce livre, par contre, vient clairement de la plume de l’auteur qui s’avère poétique, captivante et onirique ce qui apporte un vrai plus à l’ensemble. Au final le mieux est peut-être que je laisse chacun se faire son avis, à vous de voir si ma chronique vous a interpellé ou pas.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Just a World, WAAD, Le Comptoir de l’Écureuil, …

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  1. Ouais, ça a l’air tout chelou, j’arrive toujours pas à dire si je vais adorer ou détester XD

  2. Rappel à l’insouciance enfantine, réflexion, introspection?, onirisme, belle plume.
    Ce que tu en dis m’intéresse et m’interpelle suffisamment pour que je me dise « tiens pourquoi pas en tenter la lecture » (le trouver d’abord!)
    Merci

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