The Quantum Evolution Book 1, The Quantum Magician – Derek Künsken

Résumé : Belisarius is a Homo quantus, engineered with impossible insight. But his gift is also a curse—an uncontrollable, even suicidal drive to know, to understand. Genetically flawed, he leaves his people to find a different life, and ends up becoming
the galaxy’s greatest con man and thief.
But the jobs are getting too easy and his extraordinary brain is chafing at the neglect. When a client offers him untold wealth to move a squadron of secret warships across an enemy wormhole, Belisarius jumps at it. Now he must embrace his true nature to pull off the job, alongside a crew of extraordinary men and women.
If he succeeds, he could trigger an interstellar war… or the next step in human evolution.

Edition : Solaris

 

Mon Avis : Ce roman n’a pas terminé dans ma PAL par hasard. En effet cela fait plus d’un an, depuis l’annonce de l’éditeur Solaris de la publication de ce livre, que je savais que que je le lirai. J’ai tout d’abord été attiré, c’est vrai, pas l’illustration de couverture, réalisée par Justin Adams, que je trouve vraiment magnifique. Elle donne clairement envie de se plonger dans le récit. Ajouter à cela un résumé intrigant, mélangeant arnaque et aspect quantique, je ne pouvais au final que me laisser tenter. Alors j’avoue, quand j’ai appris il y a quelques mois que l’éditeur Albin Michel Imaginaire allait le publier, j’ai hésité à attendre la VF, mais finalement mon manque de patience a eu raison de moi et il a rejoint ma bibliothèque au moment de sa sortie.

Ce roman nous fait découvrir Belisarius qui est un Homo-Quantus, ce qui signifie qu’il a été modifié pour, en résumé, pouvoir devenir un ordinateur quantique et résoudre de nombreuses problématiques et questions. Sauf qu’il a fui les siens et a préféré devenir un arnaqueur, surnommé Le Magicien, même si depuis il s’est rangé. Un jour l’Union vient lui proposer une mission impossible, faire traverser à 12 vaisseaux, des nouveaux modèles équipé d’armes et de propulsion révolutionnaires qui pourraient changer le cours de l’histoire, un trou de ver stable tenu par les Puppets (je préfère ne pas le traduire, j’attends de savoir ce que va proposer le traducteur, Poupées me laissant perplexe, Marionnettes me paraissant plus proche, mais le mot me parait trop réducteur). Les Puppets sont les maîtres du trou de ver et ils aimeraient bien mettre la main sur la moitié des vaisseaux de l’Union en échange d’un laisser-passer. Surtout que personne n’a jamais réussi à « pirater » un trou de ver et que ces derniers possèdent une force défensive impressionnante, ce qui limite un peu les négociations. Le défi de Belisarius est colossal. Stimulé, il a un plan, mais pour cela il va devoir monter une équipe de choc.

Ce récit se révèle, finalement, être un mélange entre les films d’arnaque, du genre Ocean’s Eleven, et un background plus complexe qui tend vers la Hard Science avec ses aspects quantiques et autres évolutions de l’Homme. Alors que dire de ce roman. Contrairement au retour d’Apophis (que je n’ai pas lu, pour ne pas me faire influencer, mais dont la phrase d’accroche de sa chronique était qu’il s’était pris Mjöllnir dans la face) je suis un chouïa plus réservé concernant mon ressenti. Oh, attention, j’ai trouvé le roman prenant, avec même de très bons passages, mais je n’ai pas pris la claque qu’a l’air d’avoir eu mon camarade blogueur. Déjà le premier point qu’on ne peut pas enlever à ce récit c’est sa construction efficace et son rythme enlevé qui font que, oui, je me suis rapidement retrouvé captivé. L’ensemble est prenant au point que je tournais les pages avec l’envie d’en apprendre plus et que j’avais du mal à le lâcher. Cela est dû à une intrigue, c’est vrai très classique, mais construite de façon solide, efficace et surtout une maîtrise du récit par l’auteur qui arrive à offrir au lecteur l’essentiel, sans jamais donner l’impression de se perdre ou de trop en faire. La tension est présente tout du long, avec un début et une fin qui sont explosives et efficaces.

Déjà, le gros point fort de ce récit vient de ce que propose l’auteur, on va dire, au premier niveau de sa toile de fond. Tout ce travail qu’il effectue sur l’évolution de l’Homme, ses travers qui nous pousse parfois à utiliser les technologies sans tout bien comprendre, pensant créer un sur-homme. Ainsi on croise les Homo-Quantus devenus des ordinateurs quantiques, accro à la fugue qui, comme une drogue, certes les rend super intelligents, mais les pousse à plonger dedans au point parfois de s’y perdre. Il y a les Homo-Eridanus, plus classiques, reposant sur des manipulations génétiques pour obtenir des être utiles, principalement dans le combat et la guerre par exemple. Enfin il y a les Puppets qui me paraissent être l’élément le plus fascinant de cet univers par sa bizarrerie, son étrangeté. Ils ont été créés pour vénérer certaines personnes et en devenir quasiment leurs esclaves, sauf que les choses ont évolué, à tel point que maintenant les Puppets font limite peur surtout à leurs « dieux ». Je n’en dis pas plus pour ne pas trop en dévoiler. Ainsi l’auteur nous offre une image soignée, crédible et saisissante d’un futur possible, provoqué par notre tendance à se servir de la technologie sans réfléchir, sans « conscience », pour nos propres besoins personnels et ainsi aboutir à ces êtres de plus en plus solitaires, fous ou perdus. D’une certaine façon on se retrouve à se poser des questions sur notre vision de l’avenir, l’importance de la technologie, de la science et la façon dont on va s’en servir, mais aussi plus simplement sur ce qu’on peut faire subir aux autres, la façon dont ils vont évoluer.

L’autre point intéressant de l’univers vient clairement de l’aspect scientifique sur lequel se repose l’auteur. Comme je l’ai dit on est dans un roman de Hard-Science, mais de la Hard-Science que Derek Künsek arrive à rendre compréhensible, à simplifier pour permettre aux théories, aux idées d’être un minimum accessibles. Maintenant si vous êtes réfractaire à tout ce qui est explications scientifiques, oui il vaut mieux passez votre chemin car vous risquez de trouver le récit bloquant. En effet ici rien n’est laissé au hasard, tout repose sur des explications scientifiques, parfois quantiques, parfois génétiques, biologiques et autres ce qui donne, d’une certaine façon, une solidité, une véracité au récit même si quelques aspects restent hautement théoriques. Il y a aussi un travail intéressant sur la notion de religion, d’intelligence, d’intelligence artificielle qui n’ont pas manqué de me faire réfléchir et qui m’ont paru très bien amenées par l’auteur. Bien entendu le récit interroge sur la science, les dérives qui peuvent apparaitre, sauf que, d’une certaine façon, il le fait de façon complexe. On n’est pas dans le binaire que propose certains récits, où la science est le Mal, maintenant ce n’est pas pour autant qu’elle doit être utilisée à tort et à travers. Enfin tout l’aspect technologique s’avère, j’avoue, être fun, captivant et percutant, notamment les vaisseaux.

Maintenant, si j’ai parlé de premier niveau de l’univers ce n’est pas anodin, car tout ce qui est en en toile de fond, que ce soit l’aspect politique, social et autre, certes n’est pas vide, mais m’a paru manquer de profondeur et d’accroche. Ainsi, que ce soit dans la notion d’Union, de Congrégat et autres pouvoirs, j’avoue l’auteur ne donne finalement que très peu d’informations. On a une guerre qui arrive, on voit les très grandes lignes, mais j’aurais aimé un chouïa plus d’explications. Pareil pour l’aspect social, on se rend compte que chaque zone visitée parait avoir ses propres règles, on le sent à travers quelques informations annoncées ici ou là, mais que cela soit trop approfondi, ce qui aurait tué le rythme du récit, j’aurai aimé que cet aspect soit un peu plus travaillé. Des suites sont prévues et je ne sais pas s’il sera développé dans les autres romans (ni d’ailleurs combien de romans sont prévus), mais en tout cas dans ce premier tome, sans dire que l’aspect géopolitique est mauvais, il m’a paru un peu grossier et par moment un peu simpliste. Certes, pas de quoi bouder son plaisir tant le reste est intéressant, mais c’est légèrement frustrant.

Concernant les personnages ils sont solides, certains sortent franchement du lot, mais pour d’autres, j’avoue, j’en attendais peut-être plus. Comme souvent dans ce genre de récit d’arnaque on est sur une composition de héros assez hétéroclites qui vont devoir tous êtres sur la même longueur d’onde pour réussir. L’aspect rencontre et constitution de l’équipe est assez classique, mais fonctionne bien. J’ai rapidement accroché à Stills ou Marie qui, par leurs gouailles et leurs prises de tête régulières sont intéressant surtout que cela cache certaines choses, certains secrets, ainsi que le côté un peu insouciant et explosive (littéralement) de cette dernière avec l’IA Saint Matthews. L’IA est aussi intrigante dans son aspect mystique, ce qu’elle amène comme réflexion, même si elle m’a paru un peu en retrait. En ce qui concerne Antonio et William ils sont solides même si, finalement, ils restent très archétypaux dans leurs utilités et leurs révélations. Là où je suis un peu frustré, c’est concernant Belisarius et Cassandra qui tombent parfois dans la caricature, principalement concernant cette relation d’amour perdu qu’on voit venir. Certes ils compensent par ce qu’il apportent dans l’univers, mais ça ne suffit pas à me faire oublier un petit manque de profondeur. A voir s’ils sont présents dans la suite et comment l’auteur va les développer. Au final des protagonistes plutôt intéressant, mais qui auraient, pour certains, pu apporter plus je pense. Pour les personnages secondaires, il y en a certains qui sont marquants, comme ceux dans la ville des Puppets, d’autres encore trop mystérieux pour complètement me captiver comme The Scarecrow.

Je regretterais aussi un aspect très classique dans la construction de l’intrigue qui n’est justement pas sans rappeler Ocean’s Eleven, avec son côté un peu trop cool, un peu sourire Colgate, où les liens se font trop facilement, même si bien entendu il va y avoir des surprises. Je ne sais pas trop comment l’expliquer autrement qu’une envie de trop vouloir bien faire dans la cohésion et l’esprit de groupe, ce qui m’a paru légèrement artificiel. Maintenant même si le roman a, je trouve, des défauts, cela ne l’empêche pas de m’avoir offert  au final un très bon moment de lecture, principalement dans l’imagination de l’auteur, ces bonnes idées et aussi un côté très fun qui s’en dégage, le tout avec une bonne dose de Hard-Science. Je ne regrette absolument pas ma lecture, bien portée par une plume simple, efficace et entraînante. Je lirai sans soucis la suite, même s’il est à noter que The Quantum Magcian a sa propre conclusion et il peut être lu indépendament.

À noter que ce roman sera publié chez Albin Michel Imaginaire pour début 2020.

En Résumé : Même si tout n’a pas été parfait, The quantum Magician m’a offert un très bon moment de lecture offrant un intrigue fun, efficace, qui ne manque pas de tension et de moments explosifs. Je me suis ainsi retrouvé rapidement captivé, à tourner les pages avec l’envie d’en apprendre plus. Le gros point fort vient de cette humanité futuriste que présente l’auteur, une humanité qui a connu énormément de modifications, que ce soit biologique, génétique, technologique et autre, mais qui a amené de nombreuses problématiques. Une humanité qui fait réfléchir, qui ne laisse pas indifférent et nous fait nous poser des questions que la façon dont on voit l’avenir, nos besoins, nos envies et nos folies. Le tout est aussi porté par un aspect scientifique solide, très hard-science, mais présenté de façon compréhensible et efficace, même si cela risque d’en déranger certains. Je regretterai par contre dans l’univers un travail géopolitique et social un peu grossier, un peu simpliste, même si par certains points il est intrigant, alors qu’il a son importance. En ce qui concerne les personnages, dans l’ensemble je les trouve intéressants, j’ai même énormément accroché à Marie dans sa folie, son envie de tout exploser, sa vision. Je suis un peu moins emballé par notre couple de héros, Belisarius et Cassandra qui, même s’ils apportent de bonnes choses à l’univers, m’ont paru manqué de profondeur et tombent parfois dans la caricature. J’avoue aussi que l’aspect Ocean’s Eleven à travers le groupe soudé, le sourire Colgate, fait que, parfois, le récit en fait parfois un peu trop,, m’a paru un peu artificiel. Maintenant cela n’empêche pas ce roman d’être très bon, bien porté par une plume simple, efficace, entraînante et je lirai la suite sans soucis, même si, à noter, ce premier tome a sa propre conclusion et peut être lu comme un one-shot sans soucis. Pour ceux tentés par la VF il sort début 2020 chez Albin Michel Imaginaire.

 

Ma Note : 8/10

 

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  1. Deuxième avis qui donne envie de lire ce roman… faudra juste être un peu patient ! 😉

  2. Nous sommes d’accord sur l’essentiel, en fait. Pour ma part, si je parle de claque, c’est pour deux raisons : d’abord parce que ça reste un premier roman, ce qui ne rend sa solidité globale que plus impressionnante (même si l’auteur a de nombreux textes courts derrière lui et n’est donc pas un complet débutant) ; ensuite (et surtout) parce qu’il nous propose un haut niveau de Hard SF MAIS tout en restant accessible. Pour ce qui est de l’aspect géopolitique, il est probable qu’il soit développé dans les tomes suivants, donc finalement son côté relativement peu travaillé n’est pas vraiment gênant, surtout qu’on ne peut pas dire qu’il torpille l’intrigue de ce tome 1.

    Merci pour cette critique très détaillée !

    • Oui je pense que globalement on est d’accord, après c’est juste une question de « plaisir » de lecture. Pour ma part l’aspect géopolitique oui a un côté frustrant, mais j’aurai pu passer outre, par contre j’avoue que j’attendais plus de Belisarius que cette relation « classique » avec Cassandra qui a eu un peu de mal à m’intéresser.
      A voir ce que va proposer l’auteur dans le ou les prochains tomes de la série.

  3. Belle chronique ! Definitivement dans ma liste des livres a lire, je vais juste attendre sa sortie VF

  4. Super chronique ! Je vais attendre la sortie VF avec impatience

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