Le Plus Heureux des tous les Enfants Décédés – Tad Williams

Résumé : Breda appartient au Peuple du Kynslagh. Orpheline de père, elle vivra dans le sillage de celui qui deviendra roi et y perdra son amour et ses espoirs. Orlando est lui un petit garçon dont l’esprit a été rapatrié dans le réseau à la mort de son corps. Mais même dans les mondes informatiques, le danger le guette…
Deux vies, deux destins insolites, pour goûter ou redécouvrir les univers de l’Arcane des Épées et Autremonde.

Edition : ActuSF

 

Mon Avis : Tad Williams est un auteur connu et reconnu pour ses différents textes et cycles qui ont tous connu un certain succès. Deux de ses cycles les plus connus sont ainsi (du moins à ma connaissance) L’Arcane des Epées et Autremonde. Il faudrait d’ailleurs que je me remette à lire des romans de l’auteur, j’ai toujours l’intégrale 2 de L’Arcane des Epées à lire, mais ce n’est pas le bouquin le plus pratique à transporter sauf si je compte aussi assommer quelqu’un dans le métro (le livre faisant bien plus de 1000 pages). Ce petit livre, par contre nous, propose de découvrir deux nouvelles, chacune se situant justement dans l’un des univers que j’ai cité un peu plus haut. Par conséquent quand on m’a proposé de le découvrir, j’ai rapidement accepté histoire de me plonger, ou me replonger, dans les univers de l’auteur et aussi trouver la motivation (et le temps, surtout le temps) de me remettre à la lecture de ses cycles. Concernant la couverture, illustrée par Alex Andreyev, je la trouve assez sympathique.

Le Plus Heureux de tous les Enfants Décédés : Cette nouvelle se situe dans le cycle Autremonde, que je n’ai pas encore lu. On suit ici Orlando Gardiner, héros du cycle, jeune garçon décédé qui a été intégré dans une simulation virtuelle de différents univers. Il doit faire face à de nombreux problèmes à gérer dans ces différents univers virtuels, mais aussi aux changements dans le monde réel où il a toujours des contacts qui, eux, continuent à évoluer et ne savent pas toujours comment s’y prendre avec le fait qu’il soit devenue « virtuel ». Pour couronner le tout un bouleversement inattendu va le prendre par surprise personnellement. J’ai ainsi trouvé la nouvelle plutôt sympathique, qui offre surtout un univers, mélange de virtuel et de culture principalement geek (on peut aussi bien se promener dans un Chicago des années 20 que dans l’univers de Tolkien), intéressant et qui donne envie d’en apprendre plus. L’aspect un peu virtuel et technique de cet univers est plutôt bien amené, ne cherchant jamais à trop en faire dans ses explications, trouvant un juste milieu, même si parfois une ou deux facilités existent, mais rien de bien dérangeant je trouve, le roman ne cherchant pas obligatoirement à être très scientifique.

L’intrigue offre quelques réflexions intéressantes face à l’évolution des personnages, des sentiments, du fait qu’ils vieillissent, qu’ils évoluent, doivent faire face aux changements et qui doivent surtout apprendre à vivre avec les autres et tout ce que cela implique. Cela se ressent principalement avec le héros qui est finalement devenu une entité virtuelle et n’a donc plus obligatoirement les mêmes rapports avec les autres, mais ce qui ne l’empêche pas d’offrir et d’avoir des problématiques. Concernant les personnages, même s’ils ne sont pas mauvais, j’ai trouvé que par moment ils manquaient un peu de pep’s et de densité, mais cela vient aussi principalement que je découvre des héros alors qu’ils existent déjà dans un cycle complet de plusieurs livres et possèdent déjà une certaine profondeur. Cela m’amène au premier point frustrant de cette nouvelle qui, même si elle est présentée comme un stand-alone et peut être lu indépendamment, j’ai quand même eu l’impression qu’il est préférable de lire Autremonde pour encore mieux la comprendre. Surtout, vu qu’elle se situe un an après la fin du cycle, elle dévoile quelques éléments de la conclusion de ce dernier. Autre point, c’est que même si la nouvelle se laisse lire et s’avère divertissante, il lui manque, je trouve, un petit truc pour franchement marquer le lecteur. Une nouvelle que je classe dans le vite lu, apprécié, mais qui pourrait être vite oubliée (tout du moins dans ma tête de lecture qui n’a pas lu Autremonde).

 

L’Homme en Flammes : Cette nouvelle se situe cette fois (vous vous en doutez) dans l’univers de L’Arcane des Epées (que j’ai lu et que je cherche à relire) et dont la narratrice, Breda, nous raconte comment sa vie va basculer le jour où sa mère se remarie avec un noble en disgrâce de la région de Nabban. Obligé à déménager dans un ancien château abandonné et soit disant hanté, elle va surtout se rendre compte que c’est son beau-père qui est hanté par une quête qui l’obnubile. On plonge ainsi dans un texte narré à la première personne, ce qui lui offre un côté très immersif et mystérieux, la narratrice jouant exprès avec le lecteur pour ne pas dévoiler trop tôt tous les mystères du récit, sans jamais non plus se révéler trop long ou lourd. L’ambiance qui se dégage de ce texte offre un plus au récit par son côté un peu tragique annoncé, mais aussi par cette lente montée en tension au fil des pages. On essaie ainsi de comprendre quels secrets se cache dans ce lieu et chez le beau-père de la narratrice, suivant ainsi son enquête, récoltant les maigres indices qu’elle nous dévoile. La toile de fond qui sert de « décor » au récit s’avère intéressante et un minimum dépaysante, offrant quelques petits énigmes à travers son Histoire et me donnant surtout envie de replonger dans le cycle que j’ai mis en attente.

Concernant les personnages, l’héroïne principale, Breda, ne manque pas de se révéler solide dans sa construction, humaine, sonnant juste au niveau des émotions et de ses envies. On sent aussi une différence entre le récit de la jeune fille, et celui de la narratrice plus âgée qui se rappelle cette période, qui offre alors par conséquent un autre regard sur une certaine jeunesse insouciante et donc les conséquences l’ont obligé à devenir adulte. C’est surtout, je trouve, dans son interaction avec les autres que notre héroïne gagne en intérêt, dans la façon dont elle gère sa vie, ses relations et doit faire face à la vérité. Je regretterai quand même deux points un minimum frustrants, le premier vient d’une certaine linéarité qui se dégage du récit ce qui le rend en partie prévisible et le second c’est une conclusion qui, même si elle amène quelques points intéressants sur les mystères dévoilés, m’a paru un peu molle et rapide. Cela reste une nouvelle sympathique, qui m’a offert un bon divertissement.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce petit livre comprenant deux nouvelles de Tad Williams, chacune d’entre elle se situant dans l’un des cycles « phares » de l’auteur: Autremonde et L’Arcane des Epées. Alors je ne vais pas dire pour autant que ces nouvelles doivent être obligatoirement lues, se révélant sensationnelles, mais pour peu qu’on connaisse un peu déjà les univers de l’auteur elle offre un divertissement agréable et efficace. Le quatrième de couverture met en avant le fait que ces textes peuvent aussi permettre de découvrir les mondes de l’auteur et, autant pour la seconde je suis plutôt d’accord, autant pour la première qui se passe dans l’univers d’Autremonde que je n’ai pas lu, j’ai eu l’impression qu’il me manquait quelques clés pour bien le comprendre et aussi qu’elle me spoilait des éléments de la fin du cycle. Dans tous les cas elles permettent de découvrir deux univers qui ne manquent pas d’attraits, avec des personnages intéressants et même si tout n’est pas parfait j’ai envie maintenant de lire ou relire des textes de Tad Williams.

 

Ma Note : 6,5/10

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  1. Je viens de me rendre compte qu’en fais ces deux nouvelles étaient celle des anthologies Légends (édités sous les titres Légendes et Légendes de la fantasy, le second en 2 tomes) qui avaient été compilées par Silverberg et que j’ai lu il y a une 15ène d’années.

    Du coup je suis plutôt d’accord avec toi sur celle d’Autremonde je l’ai lu avant la série et j’étais un peu perdue même si ça reste compréhensible dans l’ensemble, et j’avais aussi eu l’impression que ça spoilait une partie du texte (mais je ne me souviens plus du tout si ça avait été effectivement le cas ou pas par contre).

    Par contre celle de l’Arcane des Epées je me souviens l’avoir totalement adorée (mais dans l’ensemble j’avais préféré le premier Légendes dont les nouvelles étaient de meilleurs qualité que le second) et je trouvais qu’en plus elle était un très bon complément à la série et donc se lisait avec bonheur aussi bien après qu’avant l’avoir lu 😛

    • Oui je me suis rendu compte de cela quand j’ai écrit ma chronique et que je cherchais justement à situer les textes chronologiquement dans les cycles. Je n’ai jamais lu des anthologies Legend, il faudrait peut-être que je m’y penche dessus.

  2. J’ai lu Autremonde et pourtant je n’ai même pas fait le rapprochement en lisant le titre de cette nouvelle. C’est en arrivant à la mention d’Orlando Gardiner dans ta chronique que je me dis qu’il va falloir que je la lise 😀 Mais du coup, L’Homme en Flammes me parlera moins.

    • Mais, pour ma part, L’Homme en Flamme peut se lire plus facilement de façon indépendante du cycle, tu devrais donc moins le sentir je pense. En tout cas n’hésite pas à me dire, si tu le lis, ce que tu as pensé de ce petit recueil.

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