Les Océans Stellaires – Loïc Henry

Résumé : Encouragée par ses premiers succès, Luu Ly cherche une nouvelle planète à explorer. Son objectif ? Trouver des Seuils, ces passages interplanétaires cachés au fond des mers, et les vendre à prix d’or à la Fédération ou à ses adversaires, la Ligue et l’Empire. Pourtant, elle est loin d’imaginer les conséquences de sa prochaine exploration !
Psycho-éthologue de la Fédération, Stella est en état d’alerte : une jeune explo vient de faire une découverte majeure. Les bases de l’exploration spatiale pourraient en être bouleversées.
Dans la partie qui s’engage, et dont l’enjeu n’est rien moins que l’avenir de l’humanité, un dirigeant de la Fédération dévoré d’ambition, un généticien avide de vengeance, un couple d’explorateurs mystérieux et deux petits prodiges aux ressources surprenantes vont jouer leur propre partition.
Et si certains d’entre eux partageaient sans le savoir un secret ancien ?

Edition : Scrinéo

 

Mon Avis : Les Océans Stellaires est le second roman de l’auteur Loïc Henry, le premier étant Loar que j’ai découvert il y a quelques années maintenant (ma chronique ici). J’avais passé un très bon moment de lecture justement avec ce roman, offrant une intrigue soignée et intéressante ainsi que quelques bonnes idées bien exploitées. Il était donc logique, lorsque j’ai vu la publication du nouveau livre de l’auteur, que je décide de le faire rapidement entrer dans ma PAL. Il est à noter aussi que ce roman ouvre la collection Space-Opera chez Scrinéo dirigée par Stéphanie Nicot. Concernant la couverture, illustrée par Benjamin Carré, je la trouve plutôt sympathique et qui colle bien au récit.

Avec ce roman on plonge dans un futur lointain  où l’Humanité s’est étendue dans la galaxie à travers des portails, appelés les Seuils, que l’on ne trouve pas dans l’espace, contrairement à beaucoup d’autres romans, mais dans le fond des océans. On se retrouve alors à suivre plusieurs personnages dont Luu Ly qui a pour métier de trouver des Seuils. Elle va alors en trouver un qui va complètement changer sa vie, pas qu’en bien, et s’avérer être un véritable bouleversement dans l’Histoire. Je dois bien admettre, plonger dans ce livre fut un peu déroutant au début, en effet le lecteur est immergé directement dans le récit et cet univers sans obligatoirement avoir directement toutes les clés. J’avoue cela en dérangera certains, mais pour ma part cela a eu le don de titiller ma curiosité, me poussant à faire mes propres déductions avant que les réponses soient révélées. Sauf que voilà pour autant, une fois la dernière page tournée, je dois bien admettre que je n’ai jamais réussi à complètement entrer dans le récit, me laissant un léger sentiment de déception. Pour résumé j’ai eu l’impression d’un roman très dense qui a été concis pour entrer dans le format de la collection, avec tout ce que cela peut occasionner comme soucis. Pourtant l’intrigue dans les grandes lignes ne parait pas mauvaise, certes elle mélange des idées de Science-Fiction assez classiques, entre vengeance, premier contact, mutation génétique, mais voilà le récit n’arrive jamais à trouver cette cohésion qui fait que j’aurai pu me retrouver à tourner les pages avec envie. Certes le récit est fluide, entraînant dans sa construction avec des chapitres courts et énergiques, mais son intrigue aurait mérité d’être retravaillé, selon moi, pour me captiver.

Pour autant il y a un point que j’ai trouvé très intéressant et original dans ce roman c’est son univers. Rien que cette idée de Seuils qui ne se trouve pas dans l’espace mais dans les océans cela ouvre une nouvelle perspective de développement, mais aussi de description et de voyage. On ne se retrouve plus ainsi dans le vide de l’immensité, mais dans un aspect beaucoup plus riche visuellement avec tout ce que peut offrir les différents océans de différentes planètes. Il se dégage ainsi un véritable intérêt et surtout un dépaysement à travers les différents lieux croisés, bien porté par un travail de description qui ne manque pas de se révéler riche, visuel et accrocheur. Franchement cela donne envie de parcourir le fond des océans, d’en découvrir sa beauté et pourquoi pas en trouver de Seuils. Le reste de l’univers est assez classique, que ce soit dans le triptyque qui se bataille le pouvoir entre Fédération, Empire et Ligue, ou encore le traitement du premier contact avec toutes les péripéties que cela amène. Cela ne l’empêche pas pour autant de se révéler solide et d’offrir quelques réflexions intéressantes sur l’Homme, la peur, la tolérance et l’acceptation des autres, la façon dont nous les traitons, même si certaines m’ont paru trop simplistes ou même parfois un peu tiré par les cheveux, ou tout du moins manquant d’explication pour plus les développer. Au final c’est clairement cet univers qui se dégage en priorité de ce livre et je ne serais pas contre y replonger dans d’autres textes.

En ce qui concerne les personnages, on commence à entrer dans les points problématiques du roman. Je n’ai jamais réussi à accrocher à aucun d’entre eux. Je ne suis ainsi jamais arrivé à clairement m’intéresser à leurs problématiques, leurs quêtes, tant l’ensemble m’a paru manquer de force et surtout au vu du nombre de personnages qui fait que l’on passe trop rapidement de l’un à l’autre. C’est dommage, car je suis sûr que chacun d’entre eux, pris séparément, ils ne manquent pas de potentiels, mais voilà je retrouve la critique que je faisais au début, j’ai clairement eu l’impression que le récit à connu de nombreuses coupes ce qui fait que finalement chacun d’entre eux reste à l’état d’ébauche. Il y a bien quelques personnages qui tente de sortir leurs épingles du jeu, mais ils sont trop diffus pour réussir à y arriver. Je pense principalement à Gurloës, son histoire, sa quête, sauf que voilà dans un premier temps sa quête parait complètement déconnecté du récit principal, et il aurait mérité d’être plus dense, plus présent pour me marquer encore plus. Surtout que cette accumulation de personnages et les nombreux saut qu’on fait de l’un à l’autre a aussi pour effet de limiter le travail empathique et émotionnel. Je n’ai jamais réussi à être franchement touché par chacun d’entre eux, alors que certains vont rencontrer de nombreuses péripéties,  aimer, trahir, voir même souffrir, ce qui est légèrement frustrant. Si on ajoute à cela un certain côté binaire, où on se rend rapidement compte de qui est gentil et qui est mauvais, c’est regrettable.

C’est aussi un peu pareil concernant l’intrigue, avec tous ces fils rouges et fils secondaires, l’ensemble a du mal à franchement accrocher tant elle donne parfois l’impression de partir dans tous les sens. On a même par moment du mal à voir le rapport entre les différents fils qui se dessinent, comme cette histoire de vengeance et le lien qu’elle peut avoir avec ce premier contact par exemple. Je trouve aussi que l’utilisation d’ellipses est parfois frustrant, certes cela permet d’éviter de développer certains pans du récit, mais par moment cela donne une impression de manque, de vide. Enfin j’ai aussi trouvé que l’auteur oublié un peu la règle du « Montre, ne le dis pas » (Show, don’t tell) abusant  des chapitre de quelques pages avec que des dialogues pour tenter de recentrer le tout ce qui est quand même dommage je trouve. La plume de Loïc Henry est pourtant efficace dans son aspect descriptif, se révélant simple et très visuelles mais voilà, au final, ce roman malgré un univers qui ne manque pas d’originalité et de qualité, m’a plutôt laissé sur ma faim. Je vais me répéter, mais j’ai clairement eu l’impression que l’auteur avait écrit un roman qui fait facilement le double de caractère, mais qu’on lui a demandé, ou qu’il a décidé, de faire de coupes pour entrer dans le format.

En Résumé : Je ressors de ma lecture des Océans Stellaires pas complètement convaincu, m’ayant laissé un léger sentiment de déception une fois la dernière page tournée. J’ai eu au final l’impression d’un roman qui n’était qu’à l’état d’ébauche ou qui aurait subi trop de coupe. Pourtant tout n’est pas mauvais, j’ai trouvé l’univers très intéressant et original, principalement cette idée de voyage à travers des seuils non pas présent dans l’espace mais au fond des océans ce qui offre un dépaysement. Le reste de l’univers que ce soit dans sa construction politique, son aspect social ou encore dans ses réflexions, sans se révéler le plus original qui soit s’avère solide et efficace. Le tout est porté par une plume très visuelle, simple et efficace. Sauf que voilà concernant les personnages, ils n’ont jamais réussi à me captiver ou à me toucher. Pour moi il  a trop de protagonistes, on saute trop de l’un à l’autre sans complètement les développer. Il y a aussi un certain manque, je trouve, d’empathie et aussi un côté binaire qui se dégage d’eux ce qui est dommage. L’intrigue elle aussi se disperse un peu trop à mon gouts, avec différentes sous-intrigues qui ont du mal à se raccorder au récit. Ensuite j’ai trouvé que certaines ellipses créaient plus un manque d’informations que se révélant franchement utiles et j’ai aussi trouvé que l’histoire manquait un peu de profondeur, comme si elle n’était qu’esquissée. Enfin, selon moi Loïc Henry oublie aussi la règle du « Montre, ne le dis pas » (Show, don’t tell) abusant un peu trop des dialogues pour expliquer ce qui est frustrant. Au final j’ai eu surtout l’impression que l’auteur avait prévu un roman plus long et qu’il a été obligé pour une raison ou une autre à faire des coupes, mais ce n’est que mon impression.

 

Ma Note : 4,5/10

 

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  1. Je l’ai gagné lors d’un concours organisé par Dionysos, justement. Il faudra que je le lise, d’autant plus que j’aime bien le Water Opera. Je sais néanmoins, grâce à ta critique, qu’il ne faut pas que j’en attende des merveilles non plus. Merci pour cet avis éclairant !

  2. Je me rends compte en découvrant ta chronique qu’il me reste une impression surtout globale de ma lecture. J’ai aimé l’originalité de l’intrigue avec les Seuils sous mer et donc l’univers, les découvertes majeures et leur poids sur la société. Tout comme toi, je trouve que le roman aurait mérité plus de profondeur et donc des péripéties plus riches étant donne que tous les éléments étaient présents. C’est comme si l’intrigue avait été cadenassée.

    • Voilà cadenassé ou esquissé, comme si il était limité en pages ou pressé par le temps. C’est dommage car comme tu dis il y a de bonnes idées.

  3. Les points problématiques que tu relèves concernant les personnages, j’avais ressenti exactement la même chose (en pire) autre de ses romans, Loar. En lisant ta critique, je me rends compte que ce que je n’avais pas aimé dans Loar a l’air d’être juste la manière d’écrire de Loïc Henry, et non un « accident ». Je n’irai pas plus loin dans sa bibliographie grâce à toi haha !

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