structura maximaRésumé : La structure est un univers vertigineux de poutrelles et de niveaux, où s’est développée une civilisation dont les racines se perdent dans la nuit des temps et qui a atteint son point de rupture. Entre la Vapeur, la communauté qui produit l’électricité à partir du magma, et les Poutrelles qui, au nom de leur dieu, interdisent l’ouverture du dôme recouvrant la cité, la guerre se prépare.
Dans cette atmosphère étouffante, Victor Mégare et son fils Jehan cherchent un destin différent. Victimes de la Vapeur et des Poutrelles, ils explorent les origines de cet antagonisme. Que protègent les Poutrelles derrière leurs interdits divins ? Quel but cherche à atteindre la Vapeur en encourageant la Structure tout entière à bouleverser les anciens équilibres ? Et où se trouvent les réponses ? Entre l’ombre et la lumière, dans la vapeur des chaudières et le gigantisme des poutrelles, ou bien derrière le décor, de l’autre côté de la paroi du dôme ?

Edition : L’Atalante

 

Mon Avis : Structura Maxima est le tout premier roman de l’auteur publié initialement aux éditions Flammarion il y a une dizaine d’années, qui bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle édition chez L’Atalante. Il s’agit d’ailleurs du seul roman que je n’avais pas encore lu de l’auteur, je suis donc content de cette réédition, puisqu’elle m’a permis de pouvoir le faire entrer dans ma PAL et ainsi de pouvoir me faire mon avis. Il s’agit d’un roman qui peut être lu de façon indépendante, mais qui, d’une façon ténue, se situe aussi dans le même univers que la trilogie du Melkine ou encore du livre Les Loups de Prague. Concernant la couverture, illustrée par Raphaël Defossez, je la trouve réussie et qui colle plutôt bien à l’univers.

 On se retrouve ainsi plongé au fil du récit dans un monde complètement fermé par un dôme, la structure, mais où la révolution et le changement gronde entre les Vapeuriers et les Poutrelliers. Au milieu de cette guerre qui s’annonce va se croiser ainsi le destin de plusieurs personnages. La première chose qui m’a marqué dans la lecture de ce roman c’est l’univers que construit l’auteur au fil des pages. Une cité aux fortes tendances industrielles, remplie de métal, de vapeur, de puissance, d’huile mais qui possède aussi un aspect clairement fascinant, tout en verticalité, en hauteur, en évasion, ces cheminements de niveau en niveau par poutrelles ou par ascenseur qui offre ainsi au lecteur une cité tout à fait fascinante à découvrir. Attention ici je ne parle pas de Steampunk ou autres, non un simple futur qui a évolué pour aboutir à cet équilibre entre technologie et espoir.

Au milieu de tout cela viennent se positionner deux factions complémentaires pour la survie de tous et pourtant de plus en plus antagonistes dans leurs besoins d’avancer, de changer. Entre la Vapeur, qui correspond aux scientifiques, aux ingénieurs, aux terres-à-terres, qui nous font découvrir de façon prenante et captivante le coeur de la machine, son battement de vie journalier, sa puissance et  les Poutrelles qui eux nous font nous élever, nous font rêver, découvrir un brin de folie, mais aussi de mystère, fortement teinté de poésie et de mysticisme, le torchon brûle. On sent d’ailleurs que l’ensemble se révèle clairement maîtrisé, que ce soit dans la partie technique, comme dans la partie politique, tant l’ensemble parait cohérent, palpable et n’est pas non plus sans rappeler certains aspects encore bien présents de nos jours. Une légère touche « manga » vient aussi colorer ce monde, que ce soit à travers la cité, pour laquelle la référence dans le quatrième de couverture au Château dans le Ciel n’est pas usurpée, mais aussi sur d’autres aspects, ce qui apporte, je trouve, un véritable plus à l’ensemble. En tout cas un univers captivant qui donne envie de plonger dedans et d’en apprendre plus, d’en découvrir plus. L’intrigue, construite sur un rythme lent, se révèle de plus en plus prenante dans ses machinations et ses jeux de pouvoirs, pour monter lentement en tension au fil des pages et des révélations.

Mais voilà ce roman n’est pas que la découverte d’une simple cité, aussi fascinante soit-elle, l’auteur cherche aussi à nous faire réfléchir, principalement sur notre besoin d’avancer, d’évoluer. Ainsi on dévoile au fil des pages deux identités qui sont figées dans une routine et commencent peu à peu à mourir dans un monde figé, clos par la structure avec ses contraintes et dont le seul changement parait être la guerre. Pourtant une troisième voie est toujours possible. On se retrouve ainsi à se poser de nombreuses questions que ce soit sur le point de vue de l’identité, de la façon dont une simple idéologie, un langage, peut gripper le rouage, mais aussi sur la définition du bonheur, de l’absence de recul qui fait que parfois on ne se rend pas compte de ce que l’on possède. Après tout la structure est-elle si horrible que cela? Le développement de la civilisation doit-il se faire dans le mouvement et la violence? C’est ce que le lecteur va découvrir au fil des pages,  à travers de nombreux secrets qui vont se révéler, aboutissant à une conclusion intéressante dans le message qu’elle partage, avec une touche de mélancolie et de mystère qui, je trouve, colle parfaitement au récit.

Concernant les personnages l’auteur nous dévoile au fil des pages une palette de personnalités assez larges, qui ne manquent pas d’intérêts, se révélant complexes, allant du héros blessé qui s’enfonce dans la souffrance et l’auto-destruction, en passant par le jeune adulte insouciant, avide de changement ou encore des personnages féminins à la fois tendres et dures, qui vont fortement changer le héros principal. Ils se révèlent tous attachants et  nous plongent assez facilement, que ce soit dans leurs réflexions, comme dans leurs aventures, possédant chacun d’entre eux leurs émotions, leurs envies, leurs défaites, leurs qualités et leurs défauts, les rendant ainsi profondément humains. Sauf que voilà, je ne vais pas le nier, ils se révèlent tout de même un peu trop prévisibles, que ce soit dans leurs façon d’avancer comme dans leurs réactions. Cela ne dérange en rien la lecture tant le but du roman n’est pas là, mais peut légèrement frustrer par moment. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, apportant leurs propres voix à l’ensemble, leurs propres visions, leurs propres folies et leurs propres besoins.

Mes seuls regrets concernant ce roman viennent en premier lieu que sur la fin l’ensemble semble s’accélérer un peu trop rapidement, apportant ainsi quelques facilités et quelques révélations un peu trop rapides pour franchement se révéler efficaces. Ensuite, l’histoire parait peut-être par moment un peu trop linéaire dans son ensemble, certes il sert parfaitement le message que cherche à faire passer l’auteur, mais un peu plus de surprises aurait pu apporter un plus. Enfin, la conclusion sur cette guerre, sans la révéler, m’a paru légèrement facile, même si c’est vrai elle possède aussi une force qui la rend intéressante. Au final rien de non plus très dérangeant, et qui n’enlève ou ne gâche en rien les qualités de cette histoire qui à la fois nous rappelle l’importance de rêver et du changement, mais qui nous fait aussi réfléchir sur l’importance des idées et la façon dont on s’en sert. Le tout est aussi porté par une plume qui se révèle soignée, efficace, dense, malgré parfois quelques dialogues un peu surjoués, et qui a réussi à me happer dès les premières pages.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous offre une histoire qui se révèle fluide, certes à un rythme assez lent, mais qui nous dévoile un univers futuriste fascinant, empli de métal, de vapeur, de hauteurs et de rêve qui fait qu’on se retrouve rapidement happé par ce que nous propose l’auteur. Mais voilà il s’agit ici bien plus que la découverte d’une cité, l’auteur n’oublie pas pour autant de nous faire réfléchir que ce soit sur l’immobilisme, le besoin de changement, d’évoluer, mais aussi sur la puissance d’une idéologie, la façon dont elle peut tout faire gripper, mais aussi sur la définition du bonheur. Les personnages qu’on découvre au fil du récit se révèlent complexes, attachants, denses et surtout humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, dont mon seul reproche vient du fait qu’ils sont peut-être un peu trop prévisibles. Concernant les personnages secondaires ils apportent eux aussi leurs propres voix au récit. Je regretterai finalement que la conclusion se révèle un peu trop rapide et parfois légèrement facile dans sa résolution, mais aussi l’ensemble parait légèrement linéaire. Rien de non plus gênant, tant le message fonctionne bien et l’ensemble se révèle fluide, bien porté par une plume soignée et dense, malgré c’est vrai quelques dialogues un peu surjoués. Je lirai sans souci les prochains écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 7,5/10