The Stars are Legion – Kameron Hurley

Résumé : Somewhere on the outer rim of the universe, a mass of decaying world-ships known as the Legion is traveling in the seams between the stars. For generations, a war for control of the Legion has been waged, with no clear resolution. As worlds continue to die, a desperate plan is put into motion.
Zan wakes with no memory, prisoner of a people who say they are her family. She is told she is their salvation – the only person capable of boarding the Mokshi, a world-ship with the power to leave the Legion. But Zan’s new family is not the only one desperate to gain control of the prized ship. Zan finds that she must choose sides in a genocidal campaign that will take her from the edges of the Legion’s gravity well to the very belly of the world.
Zan will soon learn that she carries the seeds of the Legion’s destruction – and its possible salvation. But can she and her ragtag band of followers survive the horrors of the Legion and its people long enough to deliver it?

Edition : Angry Robot

 

Mon Avis : J’avoue, j’ai craqué pour ce roman, il y a quelques mois, un peu sur un coup de tête. En fait à la base je dirai même que j’ai été principalement été convaincu par le travail de communication de la maison d’édition, Angry Robot, qui m’a alors donné envie de découvrir leurs publications et ce fut ce roman qui a terminé le premier dans ma PAL. Je me suis ainsi laissé tenter par la couverture, illustrée par Stephen Youll, que je trouve superbe ainsi que par un résumé efficace, intrigant et une présentation de l’éditeur et de l’autrice qui donnait envie.

Ce roman nous fait ainsi suivre le destin de Zane qui se réveille un jour ayant perdu complètement la mémoire. Elle est alors prise en charge par Jayd qui lui apprend qu’elle doit conquérir par tous les moyens la Mokshi. Il s’agirait du seul moyen pour sauver la Légion, un ensemble de planète orbitant autour d’un soleil artificiel. Pourtant malgré ses nombreuses tentatives, jamais jusqu’à maintenant Zane n’est arrivée à la conquérir et cette perte de mémoire ne l’aide pas, surtout aux vues de jeux de pouvoirs, des trahisons, des tensions et des manipulations qui gravitent autour d’elle. Franchement, il va m’être difficile de vous vendre et de vous conseiller ce roman. J’ai pourtant passé un excellent moment de lecture, mais voilà Kameron Hurley offre clairement quelque-chose de finalement assez unique et prenant à contre-pied bon nombre d’idées, qu’il s’agit clairement d’une lecture à quitte ou double. Soit comme moi vous accrochez à l’imagination du roman, à ce qui est construit, à cette ambiance viscérale, sanglante, oppressante et alors vous risquez d’apprécier, soit elle vous déconnecte complètement et vous risquez de passer complètement à côté de ce bouquin. Après, pour peu que vous apprécier la SF dans le style Space Opera un peu étrange, il serait quand même dommage de passer à coté de ce récit, au moins pour vous faire votre avis. Mais je digresse là, je vais plutôt déjà tenter de vous expliquer ce qui m’a plu dans ce livre.

Déjà le premier gros point fort vient clairement de l’univers qui est construit tout du long. Imaginez un monde où tout est clairement organique, où vous habitez dans des vaisseaux-mondes tentaculaire, où vous pilotez des appareils vivants fait de chairs, d’artères, de fluides et autres, où quand vous mourrez on vous recycle pour nourrir  aussi bien l’équipe que le vaisseau, où quand ces fameux vaisseaux-mondes ont besoin de nouveaux éléments il se « sert » de l’équipage, où on peut découper de nouveaux couloirs, de nouveaux accès à travers la chair. C’est dur de décrire le monde que construit Kameron Hurley, mais une chose est sûre, je l’ai trouvé déroutant, visqueux, original, sombre et pourtant d’une certaine façon envoutant dans son côté bizarre, imaginatif et captivant. C’est ainsi dans une sorte de bizarrerie singulière et insolite que l’autrice plonge ses héros, le tout dans une ambiance sombre, sanglante, violente et percutante. Je me suis ainsi laissé porté facilement par la découverte de ces lieux, où chaque nouvelle scène apporte son lot de découverte et de surprises. Alors oui, c’est de la SF qui ne repose sur aucunes explications scientifique, simplement sur l’imagination débordante de l’autrice, pourtant cela ne l’empêche pas de se révéler cohérente avec le récit et surtout de s’avérer efficace. On a vraiment l’impression, à chaque fois qu’on se promène dans un vaisseau, de se promener dans un corps humain, ça vibre, ça dégouline, ça respire et ça meurt aussi comme on le découvre rapidement. Dit comme ça vous pourriez trouver cela bloquant, voir repoussant, mais franchement non, il y a un vrai côté fascinant à se laisser porter par cet « écosystème » unique, surtout maîtrisé comme il est, je trouve, par l’autrice dans son évolution, dans sa construction le tout porté par un travail de description visuel qui ne laisse pas indifférent.

On se rend aussi rapidement compte que le vaisseau est plus que ce sui s’y passe à la surface, de nombreux peuples « vivent » dans les étages de ces vaisseaux, sauf que personne ne connait vraiment l’existence des autres, à quelques exceptions près, s’avérant plus, au final, des mythes. Des peuples déconnectés les uns des autres, oubliés, qui pourtant font tous vivre le vaisseau et montrant ainsi, d’une certaine façon, le cloisonnement des classes, je trouve, dans son image et ses réflexions et qui ne laisse pas indifférent. Concernant l’aspect social et politique, tout est tourné vers la survie, les vaisseaux meurent et tout le monde se bat pour tenter de sauver sa faction par tous les moyens. Entre batailles, jeux de pouvoir, manipulations et trahisons, on sent un univers à bout de souffle qui n’est pas non plus sans nous interpeller sur notre avenir. Oh et autre point important de cet univers, il n’est composé que de femmes. C’est un choix intéressant, je trouve, dans ce roman car cela colle parfaitement avec ce que souhaite crée Kameron Hurley, cet aspect de création, de vie et de mort et surtout ne manque pas de faire réfléchir et évite aussi au récit une certaine complexité supplémentaire qui n’aurait rien apporté, tout en se révélant finalement cohérent avec ce qui est construit. L’autre point qui rend ce roman, pour ma part, si prenant c’est cette tension, cette dureté qui se dégage de ce récit. Dès la première page on est happé par une intrigue complexe, sombre, qui se dévoile lentement au fil des révélations, bien porté par un rythme soutenu, efficace et percutant.

Concernant les personnages, ils ne manquent pas de marquer le lecteur, que ce soit principalement nos deux héroïnes, Zan et Jayd, qui s’avèrent fortes, complexes, impressionnantes et oui clairement badass, comme aussi les protagonistes qui gravitent autour d’elles. Que ce soit Zan la guerrière, qui ne tombe jamais dans la caricature de son rôle, se révélant aussi bonne stratège, et qui doit faire face à sa perte de mémoire, se retrouvant dans un monde qu’elle ne comprend plus et dont elle se rend très vite compte qu’elle n’est au final peut-être un pion et qui va tout faire pour s’en sortir. Jayd, elle, ne manque pas non plus de force, mais c’est plus son intelligence qui prime, et surtout son art du mensonge et de la manipulation. Elle se lance ainsi dans un plan impossible, mais à quel prix ? Deux héroïnes qui se complètent parfaitement, plus que ce que l’on peut croire, et qui brassent, je trouve, énormément d’émotions, de mensonges et de questions et qui ne m’ont pas laissé indifférentes. La narration à la première personne (on alterne entre l’une et l’autre) permet aussi de s’attacher rapidement et facilement. Les personnages secondaires ne manquent pas non plus d’attraits, de vie et s’avèrent efficaces et donnent clairement envie d’y retourner et d’en apprendre plus sur cette société que ce soit à travers ses côtés sombres, comme ses côtés intéressants. Des femmes guerrières, des femmes qui se battent pour survivre, pour aimer, pour vivre voilà ce qu’on découvre et ce que propose ce récit.

Le récit nous fait aussi réfléchir sur la place des femmes dans la société, leurs rôles, la notion de vie, de renaissance mais aussi sur les choix que l’on peut faire ou encore la façon dont nous voyons et traitons notre planète. Alors après je regretterai quand même un petit point, la narration un peu répétitive concernant la narration avec Zan, quand elle est au cœur du vaisseau-monde et qu’elle doit remonter. Alors ce n’est en rien non plus très bloquant, mais il y a quand même un léger sentiment de répétition, sentiment tout de même vite balayé, je trouve, face à l’originalité et la tension que propose ces récit. Une fois plongée dans ce roman j’ai eu du mal à le lâcher, le tout porté par un plume que j’ai trouvé certes simple, mais incisive et efficace. Au final The Stars are Legion est un roman étrange, différent et que je ne peux que vous conseiller de tenter de découvrir, au moins pour vous faire un avis.

Ce livre va être publié en VF dans la nouvelle collection Imaginaire de chez Albin Michel le 30 octobre 2018 traduit par Gilles Goullet (lien ici).

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce livre qui offre, je trouve, un roman de Space Opera différent, entraînant et intelligent. Le récit est maîtrisé, nerveux, entre phase d’action et lutte de pouvoir, ce qui fait qu’on se retrouve très vite happé par les destins de Zan et Jayd. Le premier gros point fort du roman vient pour moi clairement de son univers étrange, terriblement organique, visqueux et qui pourtant captive d’une certaine façon. Imaginez un monde où les vaisseaux son vivants, les « vaisseaux-mondes » tentaculaires et qui gravitent autour d’un soleil artificiel, où quand vous mourrez on vous recycle pour nourrir le vaisseau et l’équipage, où le vaisseau se « sert » de vous pour sa survie voilà certaines des nombreuses idées qui parsème le monde que construit Kameron Hurley et, pour ma part, ça m’a fasciné. L’aspect social, politique et militaire ne manque pas non de plus de se révéler solide et entrainant, offrant aussi quelques réflexions intéressantes sur la position de la femme dans la société, la notion de classe, de niveaux ou bien encore, pour moi, sur la façon dont nous traitons notre planète. Les deux héroïnes du récit s’avèrent vraiment charismatiques, percutantes, touchantes, brassant énormément d’émotions, d’envies et de souffrances dans leurs quêtes. Les personnages secondaires s’avèrent solides, efficaces et donnent clairement envie d’en apprendre plus sur cette société. Alors après je regretterai peut-être une narration un peu répétitive à un moment dans sa construction, mais voilà pour moi rien de bloquant tant j’ai été emporté par ce récit. Le tout est porté par une plume vive, efficace et percutante qui fait que je me suis retrouve à tourner les pages facilement. Je vais de ce pas faire entrer d’autres écrits de l’auteur dans ma PAL.

 

Ma Note : 8,5/10

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  1. Tout ce qu’écrit Kameron Hurley est toujours vraiment bizarre !
    J’avoue que celui ci ne me tente pas parce que j’ai entendu qu’il était extrêmement gore et malgré toutes les bonnes critiques je n’ai aucune envie d’en lire xD (je ne suis absolument pas fascinée par la chair et les boyaux)

    Surtout que j’avais déjà lu un autre livre d’elle (The Mirror Empire) que j’avais trouvé extrêmement confus et donc ça ne me rassure pas du tout sur celui ci.

    Mais bon, j’avoue qu’elle a quand même une sacré imagination et que si je tente un livre d’elle un jour sur ce qu’elle a déjà écrit je pense que je tenterais God’s War parce que je suis hyper curieuse sur la technologie à base d’insectes 😛

    • Je ne sais pas trop si le terme gore me viendrait en premier, oui vu que les vaisseaux sont organiques obligatoirement il y a certaines scènes étranges. Maintenant après j’ai connu des romans qui étaient, à mon avis, beaucoup plus gore que celui-là, mais après je pense que cette notion dépend aussi de chacun.

      Justement je pensais peut-être me lancer dans Mirror Empire, ou bien peut-être sa première série, par la suite, je ne sais pas trop encore.

  2. J’ai bien peur que tu fasses erreur, malheureusement : AMI sera lancée en octobre 2018, donc ce livre ne peut pas paraître chez eux en février de cette année. Maintenant, comme Gilles Dumay a précisé qu’il ne ferait pas partie du lancement, il est possible qu’il s’agisse de février 2019. En tout cas, ta critique confirme mon intérêt pour ce roman : j’avais l’intention de le lire en VO depuis un moment, mais vu qu’il y a une VF en route, autant attendre.

    • Arf je dois alors me tromper, je croyais avoir lu l’information quelque part mais je ne retrouve pas le lien. Il est possible que ce soit 2019. Je vais modifier l’information sur la chronique en restant vague pour éviter toute mauvaise information.

  3. J’avais pas trop aimé The mirror empire non plus, donc je pense zapper celui-ci

  4. Bon, je sais quoi lire en février 2019!!!
    Tu m’as mis l’eau à la bouche, et c’est un livre que j’avais déjà un peu remarqué. Maintenant, je sais qu’il faut vraiment le détour.

    • Après ça dépendra aussi de tes attentes, c’est un roman assez étrange et je ne suis pas sûr que tous les lectures accrocheront de la même façon.
      J’espère quand même qu’il te plaira autant qu’à moi.

  5. J’avais un peu peur après la critique d’Apophis mais la tienne commence à me rassurer. Ce titre me fait très envie tellement son univers a l’air original (en tout cas pour moi ^^)
    Merci pour la chronique 🙂

    • C’est clairement original, ça personne, je pense, ne peut lui retirer ce point. Maintenant je me doute bien que ça va être un roman assez clivant, on accroche ou pas.
      J’espère en tout cas que tu accrocheras plus qu’Apophis.
      Bonne lecture.

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