Au Coeur de la Folie – Luca D’Andrea

Résumé : Italie, hiver 1974.
À bord d’une Mercedes crème, Marlene fuit à travers le Sud-Tyrol. Elle laisse derrière elle son mari, Herr Wegener, et emporte les saphirs qui lui avaient été confiés par la puissante mafia locale. Alors que, devenu fou, il retourne la région pour la retrouver, Marlene prend un mauvais virage et perd connaissance dans l’accident. Simon Keller, un Bau’r, un homme des montagnes, la recueille et la soigne. Marlene se remet petit à petit dans un chalet isolé, hors de portée de poursuivants pourtant infatigables, et fait un jour la connaissance de Lissy, le grand amour de Simon Keller.

Edition : Denoël Sueurs Froides (Publié le 11-10-2018)
Traduction : Anaïs Bouteille-Bokobza

 

Mon Avis : J’ai découvert Luca D’Andrea il y a un an environ avec son premier roman publié en France : L’Essence du Mal. J’avais passé un moment de lecture divertissant et sympathique avec ce livre qui proposait un récit entraînant, bien porté par un héros complexe (retrouvez ma chronique ici). J’avoue après quelques ratés et quelques lectures complexes, j’avais envie d’un roman, on va dire, moins prise de tête, par conséquent je me suis rapidement laissé tenter par la lecture de ce roman, seconde publication de l’auteur en France. Il faut dire aussi que le résumé, qui présente le roman comme un mélange de livre mafieux et de huis-clos, avait quelque-chose d’intriguant. Concernant la couverture, je la trouve plutôt sympathique, dans la même lignée froide et neigeuse que le précédent roman de l’auteur.

Ce roman va ainsi nous faire découvrir Marlene qui décide de voler et fuir son mari pour s’offrir une nouvelle vie. Sauf que voilà, son mari n’est pas n’importe qui, il s’agit de Herr Wegener l’un de plus grand mafieux du coin et il ne va pas laisser ce crime impuni et va tout tenter pour retrouver sa femme et surtout ce qu’elle lui a volé. Rien ne va se passer comme prévu, car finalement Marlene va avoir un accident et va devoir soigner ses blessures chez Simon Keller, un Bau’r, dans un chalet perdu dans les montagnes. Clairement, une fois la dernière page tournée, je dois bien admettre que j’y ai trouvé ce que je venais chercher : un page-turner efficace, entraînant et qui se lit vite. Alors, c’est vrai, certains points, ici ou là, m’ont légèrement dérangés, et certains aspects m’ont paru frustrants, mais dans l’ensemble le roman s’avère efficace et percutant. Ainsi, sans considérer qu’il s’agit du meilleur Thriller que j’ai lu, il y a un petit quelque chose qui se dégage de ce livre qui a rendu ma lecture plus que divertissante.

Le premier point qui rend ainsi ce roman efficace, je trouve, c’est la capacité de l’auteur à construire quelque-chose qui m’a rapidement happé, se révélant sans temps morts. Ainsi à travers une construction à chapitrage très court (environ quatre à cinq pages par chapitre), une alternance de points de vues et une intrigue nerveuse et qui ne manque pas de rebondissement, on se retrouve rapidement à tourner les pages avec envie d’en apprendre plus. Alors après cette construction a aussi des défauts, mais j’y reviendrai plus tard. Surtout, en plus de la construction, Luca D’Andrea nous offre un fil rouge qui ne manque pas de tension, qui est plutôt bien construite, cohérente et qui ne manque pas de surprises. Contrairement à son précédent roman qui souffrait par moment au niveau du rythme, avec une ou deux sous-intrigues qui hachaient un peu le récit, ici j’ai trouvé l’ensemble plus maîtrisé, plus prenant, avec une montée efficace jusqu’à cette conclusion, explosive, même si elle parait se perdre un peu dans l’accumulation de rebondissements, mais quand même beaucoup moins que son premier roman.

L’autre point intéressant vient de l’atmosphère que construit l’auteur, ce côté justement de folie, d’angoisse qui se dévoile lentement au fil des pages à travers les différents personnages, leurs choix, leurs actes, leurs révélations. Alors certes, on n’est pas dans le côté le plus psychologique qui soit, cherchant à construire une ambiance pernicieuse, on est plus dans le côté plus frappant, saisissant, qui cherche à surprendre, à marquer et qui fonctionne plutôt bien, mis à part une ou deux révélations qui tombent à plat je trouve. Comme dans son premier roman, la toile de fond Italienne avec ses montagnes, ses traditions, la solitude et l’immensité qui s’en dégage, avec tout ce que cela amène comme décors fascinants, mais aussi comme danger, comme souffrances, est plutôt bien réussi. On a aussi l’impression d’abandon de cette nature, de cette façon de vivre au profit de la « civilisation », de villes qui sont soit-disant pleines d’espoirs.  C’est à nouveau ce travail sur le côté visuel et l’aspect aussi traditionnel de la région qui donne, je trouve, un intérêt supplémentaire au roman, même s’il est moins prononcé dans ce roman que dans le premier de l’auteur.

Concernant les personnages, ils ne sont pas mauvais, s’avérant même plutôt solides, mais voilà contrairement au héros principal de L’Essence du Mal qui se dégageait franchement, ici ils restent quand même assez figés dans leurs archétypes. Que ce soit Marlène l’héroïne, femme d’un caïd qui cherche à fuir une vie qui ne lui correspond plus, Simon Keller le gentil samaritain qui finalement cache de nombreux secrets, l’Homme de Confiance personnage mystérieux, assassin, homme de main insensible, chacun d’entre eux, sans se révéler mauvais, loin de là, ont du mal à s’extirper de leurs stéréotypes. C’est d’ailleurs là que vient le défaut du chapitrage très court, en effet il vient limiter les possibilités de développement des personnages. Alors, il y a bien Simon Keller qui arrive par moment à amener un intérêt supplémentaire, à offrir sur un ou deux points quelque chose de différent, mais il y avait clairement le potentiel pour plus. J’ai gardé Herr Wegener pour la fin, car c’est le personnage qui m’a laissé le plus froid durant l’ensemble du roman, tombant dans la caricature du caïd ultra-violent, présenté comme le haut du panier de la pègre, mais qui manque de consistance au point de finir comme simple cliché.

Je regretterai aussi avec ce livre une impression de décalage d’intérêt entre la partie mafieuse qui s’avère très classique et manquant d’un peu de complexité, et le huis-clos dans la montagne qui m’a paru beaucoup plus prenant. Je ne suis pas sûr qu’avoir voulu mélanger deux types d’intrigues soit vraiment bénéfique, l’une prenant le pas sur l’autre. L’aspect angoissant, violent, sauvage se ressent ainsi plus dans la montagne qu’à la ville où on a l’impression que le tout est traité trop rapidement et de façon trop simple. De plus toute le travail sur le côté mafieux disparait à un moment brusquement. Je regretterai aussi une ou deux facilités ici ou là ainsi qu’une ou deux transitions un peu brusques, même si là rien de bien bloquant. Au final Au Coeur de La Folie fût une lecture plaisante et entraînante, bien porté par une plume simple et efficace. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce roman qui s’avère divertissant, entraînant et efficace, même si quelques défauts sont présents. Le premier point intéressant de ce livre c’est la construction du roman qui s’avère sans temps-morts, prenant et captivant, bien porté par un chapitrage court et entraînant. L’intrigue qui est construite monte lentement en tension, jouant avec le lecteur, jusqu’à aboutir à un final explosif, même s’il n faire encore un peu trop avec les révélations. Le second point qui fonctionne bien avec ce roman c’est le travail sur l’atmosphère du récit, qui apporte une touche de folie, d’angoisse qui prend de l’ampleur au fil du récit. On découvre aussi à nouveau cette toile de fond de montagnes Italiennes, auquel vient s’ajouter un travail sur les traditions locales qui, je trouve, apportent un plus. Concernant les personnages, ils ne sont pas mauvais, s’avérant globalement solides, mais ont clairement du mal à sortir de leurs archétypes, avec même un héros, Herr Wegener, qui tombe je trouve dan sla caricature. C’est dommage, mais le chapitrage court les empêche finalement de se développer plus. Je regretterai aussi un décalage d’intérêt entre la partie mafieuse et celle huis-clos de la montagne, la partie mafieuse me paraissant manquer de complexité et s’avérant par moment simpliste. J’ai aussi constaté une ou deux facilité ainsi qu’une ou deux transitions brusques. Au final, même si le roman est loin d’être parfait il a rempli son rôle de page-turner haletant, bien porté par une plume simple et efficace.

 

Ma Note : 7/10

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  1. Je me le suis noté! 😉

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